Barack Obama a appelé jeudi à Berlin une nouvelle génération d'Européens et d'Américains à abattre les murs entre alliés, entre races et religions pour relever les défis de la planète.

Dans un discours sans précédent dans une campagne présidentielle américaine, le candidat démocrate s'est adressé à une foule enthousiaste de plus de 200 000 personnes dans le Tiergarten, un vaste parc au coeur de Berlin, divisée jusqu'en 1989 par le rideau de fer.

«Le plus grand danger serait de permettre à de nouveaux murs de nous diviser», a lancé le sénateur de l'Illinois, évoquant les divergences entre l'Europe et les États-Unis sous la présidence de George W. Bush.

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Face au terrorisme, au réchauffement climatique, à la drogue, la prolifération nucléaire, «nous ne pouvons pas nous permettre d'être divisés».

«Les murs entre les alliés de longue date, de part et d'autre de l'Atlantique, ne peuvent pas rester debout», a-t-il dit.

«Les murs entre les pays les plus riches et les plus pauvres ne peuvent pas rester debout. Les murs entre les races et les tribus, entre les indigènes et les immigrants, entre chrétiens, musulmans et juifs ne peuvent pas rester debout», selon lui.

«Peuple de Berlin, peuples du monde, notre heure est venue ... Une nouvelle génération, notre génération, doit laisser sa marque dans l'Histoire», a lancé le sénateur de 46 ans qui affrontera en novembre le candidat républicain de 71 ans, John McCain.

«L'Amérique n'a pas de meilleur allié que l'Europe», a affirmé M. Obama. Mais «un vrai partenariat exige un travail constant et des sacrifices... des alliés qui savent écouter, apprendre les uns des autres et surtout se faire confiance».

Il a demandé aux Européens de poursuivre leur engagement en Afghanistan. «Pour le peuple d'Afghanistan, et pour notre sécurité commune, il faut terminer le travail», a déclaré le candidat.

«L'Amérique ne peut pas le faire seule. Le peuple afghan a besoin de nos troupes et des vôtres, de notre soutien et du vôtre pour vaincre les talibans et Al-Qaeda, pour développer son économie et pour l'aider à reconstruire son pays. L'enjeu est trop important pour renoncer maintenant».

Obama, qui possède une légère avance sur son adversaire qui lui reproche son manque d'expérience, a utilisé le décor d'une des villes les plus connues des Américains pour ce discours visant à prouver qu'il a l'étoffe d'un président.

«Peuples du monde, regardez Berlin, où un Mur est tombé, un continent s'est réunifié, et l'Histoire a montré qu'aucun défi n'est trop grand quand le monde serre les rangs», selon lui.

Les plus de 200 000 personnes massées pour l'écouter dépassent de loin son record d'affluence de 75 000 personnes lors d'un meeting électoral en Oregon.

Le sénateur démocrate, arrivé dans la matinée, s'est entretenu avec la chancelière conservatrice Angela Merkel, puis avec le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Barack Obama, qui s'est déjà rendu au Koweït, en Irak, en Afghanistan, en Jordanie et en Israël, doit quitter Berlin vendredi matin pour Paris. Il terminera par Londres sa tournée internationale.

La foule assemblée entre la Colonne de Victoire et la Porte de Brandebourg témoigne de l'engouement de l'Allemagne pour «le John Kennedy noir», titre d'une biographie parue en allemand, alors que l'image des États-Unis s'est dégradée plus que jamais depuis l'invasion de l'Irak en 2003.

Selon un récent sondage TNS, 76% des Allemands souhaitent la victoire du jeune sénateur, contre 10% seulement qui préféreraient celle du candidat républicain John McCain.