Le président rwandais Paul Kagame a menacé de faire inculper des ressortissants français pour le génocide de 1994 si les tribunaux européens n'annulent pas les mandats d'arrêt émis contre des responsables rwandais, dans une interview publiée vendredi par le Financial Times.

«Il n'y a pas de fondement (pour les inculpations devant les justices espagnole et française...). Celles-ci sont en train d'inculper les personnes qui ont en réalité arrêté le génocide», affirme M. Kagame.

«Heureusement, nos juges prendront aussi du plaisir à inculper quelques Français. Je n'exclus pas cela à moins que les problèmes soient réglés», avertit le président.

Une Commission rwandaise chargée d'une enquête sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda avait remis mi-novembre à M. Kagame son rapport de 500 pages contenant «divers témoignages recueillis sur la responsabilité du gouvernement français dans le génocide de 1994».

Kigali a rompu fin novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge français Jean-Louis Bruguière eut réclamé des poursuites contre le président Kagame pour sa «participation présumée» à l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, qui a précédé le déclenchement du génocide.

Environ 800.000 personnes, selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés, ont été tuées dans le génocide d'avril à juillet 1994 au Rwanda, planifié et mis à exécution par les extrémistes hutus.