La capitale vietnamienne, Hanoï, a triplé de taille vendredi, après l'absorption controversée, partielle ou complète, de provinces voisines, qui a aussi pour effet de multiplier pratiquement par deux sa population à 6,2 millions d'habitants.

Pour le Parti communiste au pouvoir (PCV), et surtout les puissants membres de son bureau politique, l'extension, qui fait passer la superficie de Hanoï à 3.344 kilomètres carrés, doit permettre une meilleure planification urbaine.

À Hanoï et ses environs, le trafic se densifie jour après jour dans un chaos croissant et les projets de grands complexes immobiliers s'enchaînent.

Devant des députés parfois sceptiques sur le bien fondé de l'opération, le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, avait estimé en mai qu'Hanoï ne pouvait pas en l'état tenir son «rythme d'urbanisation, sa capacité d'investissement et sa population croissante».

«Le vote de l'expansion de Hanoï a une signification historique et aidera à développer notre capitale 864 jours avant son millième anniversaire» en 2010, avait-il argué.

Les détracteurs du projet s'étaient demandé si le comité populaire actuel (la mairie) avait la capacité de gérer une ville trois fois plus grande. Des habitants du nouveau et vieux Hanoi s'étaient plaints d'un manque de consultation sur un projet pourtant approuvé en décembre 2000 par le politburo.

Le manque de transparence a aussi alimenté des rumeurs selon lesquelles des personnes bien informées auraient pu profiter de la situation pour acheter, à l'avance, des terres sur les zones absorbées et s'enrichir à mesure que le projet se concrétisait et les prix grimpaient. Le tout souvent sur le dos d'agriculteurs indemnisés à des niveaux régulièrement contestés.

L'ancien Premier ministre Vo Van Kiet, personnage charismatique favorable aux réformes, décédé depuis, s'était élevé contre le plan.

«La capitale appartient à tout le pays, à la nation et à notre histoire», avait-il déclaré au quotidien Tuoi Tre. «Elle ne doit pas être considérée comme un outil expérimental pour n'importe quel but».

Malgré les objections, le projet avait été adopté par l'Assemblée nationale, composée à plus de 90% des membres du PC vietnamien.