La presse allemande a salué vendredi les talents d'orateur du candidat démocrate à la Maison-Blanche, Barack Obama, après son discours à Berlin sans se cacher que, s'il est élu président, il demanderait plus de troupes allemandes en Afghanistan.

«C'était un cours d'histoire, un cours sur la mondialisation, et une offre de coopération: Barack a conquis les coeurs de ses auditeurs à Berlin», commente le quotidien populaire Bild qui salue «un ami de l'Allemagne!» après un discours devant 200 000 personnes enthousiastes jeudi soir.

«Avec un Obama président, l'Allemagne aurait un ami et Berlin un fan» mais le journal le plus lu d'Allemagne est conscient qu'il «demandera un engagement allemand renforcé dans les crises internationales et aussi plus de soldats allemands» en Afghanistan.

«Obama est le maître du Nous. C'est pourquoi il est célébré comme une rock-star» mais «Obama est une popstar aussi parce qu'il n'est pas président des États-Unis», note le quotidien de gauche die Tageszeitung.

Et d'observer que «s'il gagne l'élection présidentielle, Obama sera aussi un président difficile pour l'Allemagne» en demandant «plus de soldats européens en Afghanistan».

Même avertissement du Suddeutsche Zeitung: un président Obama «améliorera l'image des États-Unis à l'étranger» mais «il ne fait pas de doute qu'il demandera davantage à l'Europe pour réussir en Afghanistan et en Irak». «Obama coûtera cher à l'Allemagne», s'il est élu, estime l'éditorialiste du quotidien.

«Ni Hillary Clinton ni John McCain (...) n'auraient pu susciter d'émotions aussi fortes qu'Obama» à Berlin, où le sénateur de l'Illinois «a parlé des ses rêves», écrit Der Tagesspiegel, de Berlin. Les Allemands, «comme beaucoup d'Américains voient dans Obama un espoir presque messianique d'un renouveau politique».

De son voyage en Europe, le Frankfurter Rundschau espère pour sa part «qu'il emporte quelque chose en Amérique. Il doit rendre le pays plus intelligent et plus modeste, plus poli et plus tolérant, plus social et plus écologique. En résumé: il doit emporter un morceau d'Europe aux États-Unis».

Une partie de la presse s'est montré plus circonspecte sur le discours du candidat démocrate à la Maison-Blanche.

Pour Die Welt, «ce n'était pas un grand discours», Obama ayant «raté sa chance de se montrer sur le fond comme le novateur qu'il prétend être».

Mais le journal concède qu'«il a réussi, non sans habileté, à caresser dans le sens du poil le public allemand ému sans froisser le public aux États-Unis».

«Son programme pourrait être conçu par des penseurs politiques en Europe mais il est plutôt abstrait sur certains points», déplore pour sa part le Berliner Zeitung qui fait valoir un point positif pour les relations transatlantiques: «On peut parler avec Obama et il va écouter. C'est déjà une amélioration significative par rapport à ces dernières années».