L'allié nationaliste flamand du premier ministre belge Yves Leterme fait déjà planer la menace d'un nouvel épisode de crise politique, en promettant de quitter la majorité fin juillet faute de garanties que les querelles avec les francophones seront réglées d'ici là.

Moins de 24 heures après l'annonce jeudi soir par le roi Albert II du maintien en poste du premier ministre démissionnaire, la NVA, qui forme un cartel électoral avec le parti chrétien-démocrate (CDV) de M. Leterme, a exprimé sa mauvaise humeur, en lançant ce que la presse décrit samedi comme un «ultimatum».

«C'est la dernière chance. Les francophones devront nous dire comment ils voient les choses. Soit nous marquerons notre accord, soit c'en sera fini. S'il n'y a pas d'accord, la majorité ne pourra pas continuer», a tonné son président Bart De Wever cité dans la presse, prévenant qu'alors la NVA «sera un parti d'opposition».

Cette «dernière chance» fait référence à la mission confiée par le roi à trois «sages» qui doivent préparer rapidement la réforme de l'État exigée par les Flamands - en vue d'accroître l'autonomie de leur région- pour continuer à cohabiter avec les francophones au sein du même pays.

Ce trio doit rendre son premier rapport le 31 juillet et la NVA exige à cette date des «résultats» et des «garanties» des francophones concernant cette réforme de l'État, faute de quoi elle «jettera le gant», a noté samedi le quotidien flamand De Standaard.

M. De Wever réclame en particulier la scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit «BHV». Cet arrondissement bilingue regroupant Bruxelles, ville majoritairement francophone, et 35 communes flamandes de sa périphérie, est considéré comme une «anomalie» par les partis flamands, qui exigent sa scission au nom de l'homogénéité linguistique de la Flandre.

«Ces garanties que la NVA demande sont impossibles, donc c'est assez logique de son point de vue d'aller d'ultimatum en ultimatum», estime Pascal Delwit, de l'Université libre de Bruxelles, soulignant qu'un «parti séparatiste ne pourra jamais se satisfaire d'une solution de compromis».

Donc «à un moment donné, la NVA peut franchir le rubicon et partir d'elle même», ajoute-t-il, doutant malgré tout qu'elle puisse le faire le 31 juillet.

«Cela sent déjà le roussi», estime de son côté le quotidien Le Soir à la Une de l'édition de samedi, soulignant que «le retour de Leterme ne résout rien».

Malgré tout, le gouvernement de coalition formé en mars après bien des difficultés pourrait formellement survivre à un passage de la NVA dans l'opposition.

«La NVÀ n'est pas indispensable car la coalition garderait la majorité absolue au parlement», note ainsi le politologue Jean Faniel.

Mais la «tradition implicite» veut aussi que le gouvernement ait la majorité chez les francophones et les Flamands, or sans la NVA, M. Leterme ne serait soutenu que par 42 des 88 députés flamands du parlement fédéral. «Cela poserait un problème politiquement», a-t-il insisté.

«Le gouvernement perdra en plus la majorité des deux tiers qui est nécessaire pour adopter une réforme de l'État», a ajouté Pascal Delwit.

Le CDV se trouverait d'autre part dans une situation très délicate dans la perspective des élections régionales de juin 2009.

Une explosion de son cartel avec la NVA pourrait en effet pousser cette dernière à s'allier en Flandre à la Liste Dedecker, mouvement flamand populiste et radical qui ne cesse de monter dans les sondages.

«Cela compliquerait encore la donne pour le CDV» au niveau fédéral, a noté Jean Faniel.