Le Premier ministre Nouri al-Maliki a dit dans un magazine allemand soutenir le plan du candidat démocrate Barack Obama de retirer les troupes de combat américaines d'Irak dans les 16 mois s'il est élu à la Maison Blanche.

«Nous trouvons que ce serait le bon délai pour le retrait, sous réserve de possibilité de petits changements», a-t-il indiqué à l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi.

Les forces américaines devraient quitter le pays «aussi vite que possible», a-t-il ajouté.

Les propos de M. Maliki ne sont pas de nature à faire plaisir à l'administration Bush. Celle-ci a indiqué avoir demandé des clarifications au gouvernement irakien.

«Jusqu'à présent les Etats-Unis peinent à adopter une date concrète pour le retrait parce qu'ils ressentent cela comme l'aveu d'une défaite alors que ce n'est pas le cas», a poursuivi M. Maliki.

M. Obama, attendu prochainement en Irak, a promis de retirer toutes les troupes de combat dans les 16 mois s'il est élu.

Le langage de M. Maliki est bien plus tranché que les termes employés dans un communiqué publié par la Maison Blanche vendredi. Selon ce communiqué, le président George W. Bush et M. Maliki se sont entendus pour déterminer, non pas une date ferme, mais un «horizon» au-delà duquel les troupes de combat américaines auraient quitté l'Irak.

M. Bush s'est toujours fermement opposé à une date ferme ou un calendrier de retrait.

Preuve de la sensibilité du sujet, la Maison Blanche a indiqué samedi avoir pris contact avec le bureau de M. Maliki après la publication de ses propos au Spiegel.

Dans cet entretien, M. Maliki signifie aussi «clairement que toute décision sera

fondée sur la poursuite» de l'amélioration de la situation sur le terrain, a souligné un porte-parole de la Maison Blanche, Scott Stanzel.

Bagdad et Washington «sont d'accord pour dire que, si les récents progrès dans le domaine de la sécurité continuent, nous serons en mesure de respecter l'horizon temporel auxquels nous (Irakiens et Américains) aspirons», a-t-il dit.

Les gouvernements américain et irakien sont en train de négocier les conditions de la présence militaire américaine au-delà du 31 décembre, après l'expiration du mandat de l'ONU sous lequel opèrent les soldats américains.

M. Stanzel a laissé entendre que les déclarations de M. Maliki dans le Spiegel ne reflétaient pas l'état des négociations, sur lequel le communiqué publié vendredi représente «le meilleur indicateur».

L'équipe de campagne de M. Obama s'est pour sa part félicitée du soutien apporté par M. Maliki au plan du candidat démocrate.

«Le sénateur Obama salue le soutien du Premier ministre Maliki à un délai de 16 mois pour le redéploiement des brigades de combat américaines», a déclaré Susan Rice, conseiller de M. Obama pour les questions de sécurité nationale.

«Cela présente une importante opportunité pour une transition vers la

responsabilité des Irakiens, tout en (nous permettant de) restaurer notre armée et d'accroître notre engagement à mettre fin aux combats en Afghanistan», a-t-elle dit.

La Maison Blanche a joué de malchance samedi. Si les propos les plus remarquables de M. Maliki dans le Spiegel avaient échappé à certains journalistes accrédités à la Maison Blanche, cette dernière s'est chargée elle-même de les porter à leur attention. Elle a en effet par inadvertance envoyé par email aux journalistes une dépêche d'agence rendant compte des déclarations de M. Maliki. Cette dépêche était en fait destinée aux gens de la Maison Blanche, a expliqué M. Stanzel.

À consulter

>>>Richard Hétu : Quand la Maison-Blanche gaffe