Douze ressortissants zimbabwéens, dont le président Robert Mugabe, sont visés personnellement par des sanctions dans un projet de résolution de l'ONU proposé par les États-Unis.

L'adoption en l'état de ce texte par le Conseil de sécurité est toutefois loin d'être acquise, plusieurs États membres, menés par l'Afrique du sud et la Chine, ayant récemment fait preuve d'une grande réticence à traiter les autorités d'Harare avec trop de sévérité.

Le projet américain, dont l'AFP a obtenu copie mercredi, prévoit d'infliger un gel des avoirs financiers et une interdiction de voyager à l'étranger à 12 personnalités du Zimbabwe, dont le chef de l'État.

Ces douze personnes sont considérées comme ayant entravé le processus démocratique dans le pays ou participé aux violences, avant la réélection de M. Mugabe dimanche, jugée illégitime par une large part de la communauté internationale.

La liste, qui figure en annexe du projet de résolution, inclut Constantine Chiwenga, un membre des forces de sécurité, le gouverneur de la Banque centrale Gideon Gono, accusé d'avoir participé au financement des politiques répressives, et plusieurs membres du gouvernement comme George Charamba et le ministre de la justice Patrick Chinamasa.

Le texte prévoit également un embargo sur les armes à destination du Zimbabwe.

Il exige que le gouvernement d'Harare «entame sans retard un dialogue nourri entre les parties dans le but d'arriver à une solution pacifique qui reflète la volonté du peuple zimbabwéen exprimée lors des élections du 29 mars».

Ce jour-là, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC, opposition) avait remporté les élections législatives et M. Tsvangirai avait devancé M. Mugabe au premier tour de la présidentielle.

Le projet, qui n'a pas encore été formellement introduit au Conseil, est susceptible d'être sérieusement édulcoré avant son adoption. Pour être adoptée, une résolution doit recueillir au moins neuf vois sur quinze, sans susciter l'opposition d'un des cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), équivalant à un veto.

Or plusieurs pays, menés par l'Afrique du sud et la Chine, sont en principe opposés à toute mesure sévère. Ils considèrent qu'il n'est pas dans les compétences du Conseil de jouer les arbitres concernant la légitimité ou non d'une élection et que la situation au Zimbabwe ne constitue pas un danger pour la paix et la sécurité internationale.

Ce groupe s'est notamment opposé la semaine dernière à ce que le Conseil qualifie d'illégitime le résultat du second tour de l'élection présidentielle, qui s'est déroulé vendredi malgré le retrait du candidat de l'opposition Morgan Tsvangirai, après une campagne de violence et d'intimidation contre ses partisans.

Les États-Unis ont consulté leurs alliés sur le contenu de leur projet et devaient étendre mercredi ces discussions à d'autres membres du Conseil, a indiqué à la presse leur ambassadeur, Zalmay Khalilzad. Il a dit espérer pouvoir faire circuler formellement ce texte «assez prochainement».

Il a affirmé par ailleurs que le Conseil de sécurité se réunirait mardi pour discuter à nouveau de la situation au Zimbabwe.

Le Conseil devrait entendre à cette occasion des compte-rendus de l'envoyé spécial de l'ONU Haïlé Menkerios et de la vice-secrétaire générale de l'ONU, Asha-Rose Migiro, a-t-il dit.

Mais le président du Conseil pour le mois de juillet, l'ambassadeur du Vietnam Le Luong Minh, n'a pas confirmé ce calendrier. Il a affirmé que ni le principe de ces discussions, ni leur format ni leur date n'avaient encore été arrêtés.

M. Menkerios vient de passer plusieurs jours au Zimbabwe, ainsi que dans les pays voisins. Mme Migiro a assisté au sommet de l'Union africaine (UA) à Charm-el-Cheikh (Égypte), qui a recommandé la formation au Zimbabwe d'un gouvernement d'union nationale, idée qui a été rejetée par l'opposition.