Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo va mettre en cause lundi le président soudanais Omar el-Béchir pour des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide commis au Darfour (ouest du Soudan), affirmaient vendredi plusieurs quotidiens.

Le quotidien français Le Monde écrit vendredi que M. Moreno-Ocampo «(avait) l'intention de demander, lundi 14 juillet, un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar Al-Bachir (...) selon nos informations recueillies auprès des Nations unies et de la CPI».

«Le procureur accuse notamment le dirigeant soudanais de +crime contre l'humanité+ et de +génocide+ au Darfour», précisait Le Monde, dont les informations ont également été rapportées par les journaux britannique The Guardian et américain The Washington Post.

«Ca aura lieu lundi», précise une source du Guardian.

«Le bureau du procureur refuse de donner des détails. Le procureur présentera cela devant le juge de la Cour lundi et ne donnera de détails à la presse qu'après», a indiqué sa porte-parole interrogée par l'AFP.

M. Moreno-Ocampo avait annoncé jeudi dans un communiqué qu'il présenterait lundi devant les juges de la CPI de nouvelles «preuves» de crimes commis ces cinq dernières années contre des civils au Darfour et «nommer(ait)» ceux qui en sont responsables selon lui.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient demandé que ces nouvelles accusations concernent des personnalités de rang élevé dans la hiérarchie soudanaise.

Toujours selon Le Monde, «le département du maintien de la paix de l'ONU craint des mesures de rétorsion des forces soudanaises à l'encontre de la Minuad (la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour)». «Les hommes de la Minuad stockent notamment des vivres, de l'eau et du carburant (...) Les ambassades occidentales à Khartoum seraient aussi sur leurs gardes».

Selon le Washington Post, l'ambassadeur du Soudan à l'ONU Abdalmahmoud Abdalhalim Mohamad a estimé que cela «détruirait» le fragile processus de paix au Darfour car le procureur «joue avec le feu (...)».

Les juges de la CPI pourront, s'ils estiment que les preuves présentées par M. Moreno-Ocampo sont suffisantes, émettre d'ici quelques mois une citation à comparaître ou un mandat d'arrêt à l'encontre du président soudanais.

«Pour nous, c'est exactement pour cela que cette institution a été créée, à savoir la lutte conte l'impunité», s'est réjouie Géraldine Mattioli, de l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch.

La CPI avait déjà émis deux mandats d'arrêt contre des Soudanais impliqués dans le conflit et soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

M. Moreno-Ocampo demande en effet depuis avril 2007 l'arrestation d'Ahmed Haroun, ministre soudanais aux Affaires humanitaires, et Ali Kosheib, un chef de la milice pro-gouvernementale janjawid.

Mais Omar el-Béchir a toujours refusé de les remettre à la CPI.

Depuis 2003, les forces gouvernementales appuyées par les milices arabes janjawid luttent contre des mouvements rebelles du Darfour. Le conflit a fait plus de 300 000 morts et entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes, selon l'ONU. Khartoum parle de quelque 10 000 morts.