Le président français Nicolas Sarkozy, qui assure la présidence de l'Union européenne, a estimé mardi que «les Irlandais devraient revoter» sur le traité de Lisbonne, selon des députés de son parti l'ayant rencontré dans la journée.

«Les Irlandais devront revoter et je mettrai le veto à tout élargissement (de l'Union européenne) tant qu'il n'y aura pas de nouvelles institutions», a déclaré M. Sarkozy au cours d'une réception à l'Elysée avec les députés UMP (Union pour un mouvement populaire, droite, au pouvoir).

L'Irlande, seul pays européen à avoir soumis le traité européen à un référendum, a rejeté le texte le 12 juin par plus de 53% des voix, précipitant l'UE dans une nouvelle crise institutionnelle.

M. Sarkozy doit se rendre en Irlande le 21 juillet.

Selon le quotidien Le Monde, la piste privilégiée pour obtenir un vote favorable des Irlandais serait de renoncer à la réforme de la Commission européenne, qui prévoit de resserrer le collège des commissaires en 2009.

La Commission continuerait d'être composée d'un commissaire par pays, ce qui rassurerait les partisans irlandais du non, qui craignaient de ne plus être systématiquement représentés à Bruxelles.

En outre, certaines garanties portant notamment sur le fait que l'UE ne s'occupera pas de l'avortement ou sur la neutralité irlandaise pourraient être réitérées officiellement, selon Le Monde.

Ces propositions pourraient être débattues au Conseil d'octobre et adoptées en décembre, toujours selon le journal, qui estime que la commission «se trouverait affaiblie par ce compromis».

Le 10 juillet devant le Parlement européen, M. Sarkozy avait indiqué qu'il espérait proposer une solution au non irlandais «soit en octobre, soit en décembre».

«Il faut à la fois ne pas bousculer les Irlandais et en même temps savoir dans quelles conditions et avec quel traité nous allons organiser les élections européennes» de juin 2009, avait-il expliqué. «Il reste un peu de temps, mais pas beaucoup de temps».

Le chef de l'État avait assuré qu'il ne voulait «laisser personne derrière» et que «l'Europe à plusieurs vitesses ne pouvait être qu'un dernier recours».

Au cours de la réception à l'Elysée avec les députés UMP, M. Sarkozy a par ailleurs évoqué une nouvelle fois les chantiers européens qu'il entendait faire avancer à l'automne: pacte européen de l'immigration et plafonnement de la TVA sur le pétrole.