Le gouvernement israélien a donné mardi son feu vert à un échange de prisonniers avec le puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, qui sera appliqué à partir de mercredi.

Le cabinet d'Ehud Olmert a approuvé à la grande majorité l'accord conclu via le médiateur allemand Gerhard Conrad désigné par les Nations unies.

«Le gouvernement d'Israël a décidé au cours de sa réunion d'entériner sa décision du 29 juin pour la libération de ses soldats enlevés Eldad Regev et Ehud Goldwasser», a indiqué le cabinet dans un communiqué officiel.

Sur les 25 ministres, seuls trois ont voté contre: Roni Bar On (Finances), Daniel Friedman (Justice) et Zeev Boïm (Logement).

Le ministre de la Défense Ehud Barak a remercié l'Allemagne et l'ONU pour leur aide et annoncé qu'Israël poursuivrait ses efforts pour déterminer le sort de Ron Arad, le navigateur israélien porté disparu au Liban depuis la chute de son appareil en 1986.

L'accord est le 8e passé entre Israël et le Hezbollah en vue d'une transaction depuis 1991.

Il stipule qu'Israël, via le Comité international de la Croix Rouge (CICR), remettra au Hezbollah cinq détenus libanais, en échange des soldats israéliens, Ehud Goldwasser et Eldad Regev, capturés en juillet 2006 par le Hezbollah et présumés morts par le gouvernement israélien.

En vertu de cet accord, Israël doit également transférer au Liban les corps de près de 200 combattants du Hezbollah et de Palestiniens.

«C'est un prix beaucoup moins élevé que ceux que nous avons payés dans le passé. Avec toute la douleur inhérente à cet accord, nous ne voulons pas que les familles Regev et Goldwasser se retrouvent dans la même situation que la famille Arad», a déclaré le vice-premier ministre Eli Yishai.

Isaac Herzog, ministre des Affaires sociales, a estimé qu'Israël devait «déployer tous ses efforts pour obtenir plus d'informations sur le sort de Ron Arad et s'assurer de la remise en liberté de Gilad Shalit», un soldat israélien capturé en 2006 à la lisière de la bande de Gaza par un commando palestinien.

Le père de Ehud Goldwasser, Shlomo, a estimé dans un entretien à l'AFP que ses ravisseurs devront mourir s'il revient en Israël dans un «cercueil».

L'enlèvement le 12 juillet 2006 par le Hezbollah de ces deux militaires en territoire israélien avait déclenché un conflit armé de 34 jours entre Israël et le mouvement chiite qui a dévasté le Liban.

Après le feu vert du gouvernement Olmert, le ministre de la Justice en a informé le chef de l'État Shimon Peres qui a gracié Samir Kantar, a annoncé en soirée sa porte-parole Ayelet Frish. Selon les médias israéliens, M. Peres a également gracié les quatre autres détenus libanais.

«C'est une décision dure à prendre, mais nous avons le devoir de ramener nos soldats à la maison», a déclaré M. Peres, cité par la télévision publique.

Selon les formalités prévues, les détenus libanais seront remis à partir de mercredi au CICR, au poste-frontière de Rosh Hanikra.

Les deux soldats israéliens, ou leurs corps, seront aussi remis au CICR avant leur identification par les autorités israéliennes dans une base militaire du nord du pays.

Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, «il est certain que l'un des deux soldats a été tué» le jour du rapt, alors que le sort du second soldat qui a été blessé «reste incertain».

Samir Kantar, doyen des prisonniers libanais en Israël et ancien membre du Front de libération de Palestine (FLP), a été condamné le 28 janvier 1980 à cinq peines de prison à vie et 47 ans additionnels, selon le ministère de la Justice.

En avril 1979, Kantar avait tué dans le nord d'Israël un policier, pris en otage un civil israélien qu'il avait abattu de plusieurs balles dans le dos, puis avait tué la fille de ce dernier âgée de 4 ans.