Si Barack Obama avait fait une liste de lecture à la demande de Rolling Stone, on devinerait dans chacune des chansons une intention politique. Ses choix sont-ils moins stratégiques parce qu'ils ont été évoqués pêle-mêle dans une entrevue? Je le crois.

Obama ouvre la porte en disant qu'il y a une trentaine de chansons de Bob Dylan dans son iPod. Mais il ne nomme que l'album Blood On The Tracks, le chef-d'oeuvre intimiste du Dylan de 1975, et la chanson Maggie's Farm, un brûlot contestataire des années 60. Typique d'un politicien libéral, disent déjà ses adversaires.

Comme Dylan, la plupart de ceux que mentionne Barack Obama sont des chanteurs aux tempes grises qui l'ont appuyé publiquement : Bruce Springsteen, The Grateful Dead, du rock blanc à contenu, servi par des artistes qui ont l'âme à gauche. Si le but de l'exercice était d'abord électoraliste, il aurait sans doute nommé des musiciens plus jeunes qui se sont prononcés pour lui, comme Arcade Fire ou Wilco.

Obama semble être à tu et à toi avec des vedettes du rap et du hip-hop comme Jay-Z, Ludacris et l'homme d'affaires Russell Simmons. Risqué? Il ajoute aussitôt qu'il aimerait bien pouvoir laisser ses filles écouter du rap sans s'inquiéter de l'image négative que cette musique trop souvent mysogyne et matérialiste leur renverrait d'elles-mêmes.

Son héros musical est Stevie Wonder, un choix consensuel, qui a marqué son adolescence. Ce qu'il écoute présentement ? Du jazz d'époque : Coltrane, beaucoup de Miles Davis et de Charlie Parker.

Le candidat du renouveau n'est peut-être pas très à l'écoute de ce qui se fait en 2008, mais ses choix sont substantiels. On est loin de la chanson de ralliement obligatoirement hop-lavie à la Don't Stop de Fleetwood Mac (Bill Clinton), ou de Take a Chance on Me du groupe suédois ABBA que son adversaire John McCain aurait adoptée s'il avait pu en obtenir les droits. Avec tous les artistes qui sont dans son camp, Barack Obama n'a qu'un léger problème: l'embarras du choix.