Les États-Unis et la Pologne sont parvenus à un accord de principe sur le bouclier antimissile que Washington souhaite déployer en Europe de l'Est, qui doit encore être validé par le gouvernement polonais, a indiqué mercredi un haut responsable du département d'État.

Cet accord conclu au niveau des experts doit encore être approuvé par le gouvernement polonais, a ajouté ce haut responsable ayant requis l'anonymat.

«Nous verrons la réponse que nous recevrons de Pologne», a-t-il expliqué à la presse. «À ce stade, je suis vraiment heureux que nous ayons fait de véritables progrès ces derniers jours».

Il a refusé d'en dévoiler le contenu. À un journaliste qui lui demandait s'il pouvait écrire que les États-Unis et la Pologne étaient parvenus à un accord de principe devant encore être approuvé par le gouvernement polonais, il a répondu: «Votre description est globalement exacte».

Cet accord a été obtenu à l'issue de deux jours de négociations à Washington entre un expert en désarmement du département d'État, John Rood, et deux vice-ministres polonais: Witold Waszczykowski, du ministère des Affaires étrangères, et Stanislaw Komorowski, du ministère de la Défense.

Interrogé à ce sujet, le secrétaire d'État adjoint chargé des Affaires européennes, Daniel Fried, a refusé de confirmer l'existence d'un accord, se contentant de faire état de «réels progrès».

«Nous sommes satisfaits de la façon dont les choses évoluent mais je n'ai rien de définitif», a-t-il déclaré.

«Je veux être très prudent. Nous sommes très satisfaits de ce que nous sommes parvenus à faire et nous voulons entendre ce que Varsovie aura à dire sur les prochaines étapes».

À Varsovie, le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères Piotr Paszkowski n'a pas confirmé ces informations. «Nous ne confirmons pas ces informations», a déclaré M. Paszkowski à l'AFP.

Le négociateur polonais est lui aussi resté prudent.

«Je peux dire seulement que j'ai transmis les résultats de mon travail au ministre des Affaires étrangères (Radoslaw Sikorski) et au premier ministre (Donald Tusk)», a déclaré M. Waszczykowski à l'agence PAP.

«Les décisions sont prises par le ministre et par le premier ministre», a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont le projet d'implanter en Europe centrale à l'horizon 2011/2013 deux éléments du bouclier antimissile destiné à protéger leur territoire contre d'éventuelles attaques de pays comme l'Iran: dix missiles intercepteurs, qu'ils aimeraient déployer près de Slupsk dans le nord de la Pologne, et une station radar en République tchèque.

La République tchèque a déjà conclu un accord avec les États-Unis, signé début avril en marge du dernier sommet de l'OTAN à Bucarest.

Entamées en mai 2007, les négociations avec la Pologne ont rapidement avancé tant que le premier ministre conservateur Jaroslaw Kaczynski était au pouvoir. Mais le nouveau gouvernement libéral de Donald Tusk, qui a pris ses fonctions en novembre, a rapidement mis la barre plus haut.

Préoccupée par les risques potentiels d'une telle implantation, la Pologne cherche à obtenir des garanties supplémentaires pour sa sécurité auprès de Washington, par une série d'aides à la modernisation des forces armées polonaises, notamment des systèmes de défense antimissile Patriot 3 ou THAAD.

L'accord pourrait être annoncé lors d'une prochaine visite à Varsovie de la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice.

Les États-Unis avaient donné récemment des signes d'impatience au vu du blocage des négociations avec Varsovie, prévenant qu'il négocieraient avec d'autres pays si les discussions échouaient.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avait ainsi qualifié mardi la Lituanie de «bonne alternative» à la Pologne en cas d'échec des pourparlers avec Varsovie, selon le Pentagone.