L'Afrique du sud et la Libye ont soumis lundi au Conseil de sécurité une proposition visant à différer une possible inculpation du président soudanais Omar el-Béchir pour génocide au Darfour, mais ont rencontré l'opposition des Occidentaux, selon des diplomates.

Les 15 membres du Conseil se sont rencontrés à huis clos pour examiner un projet de résolution britannique destiné à prolonger le mandat de la force de paix ONU-Union africaine (Minuad) d'un an à compter de jeudi après l'expiration de son mandat.

Mais l'Afrique du sud et la Libye, soutenues par la Chine, la Russie et le Vietnam, ont tenté d'ajouter un amendement qui repousserait d'un an, renouvelable, toutes poursuites contre M. Béchir, visé par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo.

«Nous sommes divisés au Conseil à ce stade», a déclaré l'ambassadeur américain à l'ONU, Zalmay Khalilzad, affirmant qu'un tel report serait «infondé» et «prématuré».

«Nous ne pensons pas qu'ils soit approprié» de prendre une telle voie, a renchéri le chargé d'affaires français Jean-Pierre Lacroix, ajoutant que rien dans l'attitude de Khartoum à ce stade ne justifiait une telle suspension.

Mais l'ambassadeur soudanais, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, a rappelé que la demande de report émanait de l'Union africaine et a déclaré que l'ignorer constituerait «un affront, une insulte à l'Afrique».

Le procureur de la CPI a demandé mi-juillet aux juges de la Cour d'émettre un mandat d'arrêt contre M. Béchir pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. S'il est confirmé, ce qui pourrait prendre plusieurs mois, il s'agira du premier mandat d'arrêt émis par la CPI, basée à La Haye, à l'encontre d'un chef de l'État en exercice.