Le crime organisé cherche à intimider les candidats qui font campagne dans les favelas de Rio en vue des élections municipales d'octobre prochain sans avoir son approbation.

Les bandes de trafiquants de drogue tout comme les milices parapolicières qui les combattent ont créé des «fiefs électoraux» dans les favelas où ils n'autorisent que l'entrée des candidats qu'ils soutiennent, ont révélé lundi des hommes politiques et des médias locaux.

Plus d'un tiers des habitants de Rio vivent dans les quelque 700 favelas de la ville, selon les statistiques officielles.

Samedi dernier, le sénateur Marcelo Crivella, candidat à la mairie de Rio, et les journalistes qui l'accompagnaient ont été pris à partie par des trafiquants pendant une visite dans la favela Vila Cruzeiro, l'une des plus violentes de la zone nord. Les trafiquants ont obligé photographes et caméramen à effacer toutes les images qu'ils avaient prises.

M. Crivella, un dirigeant évangéliste soutenu par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et favori dans les sondages, a déclaré qu'il n'avait pas demandé aux trafiquants l'autorisation de se rendre dans la favela.

«Je n'ai pas voulu négocier avec eux. S'ils veulent me tirer dessus, qu'ils le fassent. Ce serait le comble de leur demander l'autorisation» d'aller dans la favela, a-t-il dit à la presse.

Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral, a manifesté son «indignation» face à ce qu'il considère «un affront à l'état de droit».

«Ces faits très graves montrent le bien-fondé de combattre sans trêve la criminalité», a déclaré M. Cabral, dont la politique d'affrontement entre policiers et trafiquants dans les favelas est critiquée par les organisations humanitaires en raison du grand nombre de balles perdues qui font des victimes parmi des innocents.

Le ministre de la Justice, Tarso Genro, a indiqué lundi que les autorités électorales pouvaient solliciter l'envoi à Rio du corps d'élite de la police fédérale afin d'assurer la tranquillité de la campagne électorale.

Les candidats à la mairie de Rio ont rendu public un manifeste «contre les fiefs électoraux», dans lequel ils demandent à la police «d'enquêter sur la promiscuité entre le banditisme et les campagnes électorales de certains candidats aux postes de conseillers municipaux».