Le désert de Namibie et ses dunes rougeoyantes n'a jamais été très propice à la vie, mais le réchauffement climatique menace de rendre fou le thermomètre et motive des expériences inédites pour éviter les pénuries d'eau.

À la station de recherche privée de Gobabeb, dont l'énergie est fournie par des panneaux solaires, une équipe de chercheurs effectue des recherches sous un soleil de plomb pour trouver des moyens innovants de collecte d'eau.

L'une de leurs expériences consiste à recueillir dans des toiles géantes la brume matinale qui enveloppe la région côtière voisine. Une fois condensée, l'eau est transportée par canalisation jusqu'aux petites exploitations agricoles du Namib.

De tels projets sont vitaux: la demande en eau devrait excéder la capacité d'extraction d'eau d'ici à 2015 en Namibie, le pays le plus sec d'Afrique sub-saharienne.

Actuellement, les précipitations annuelles sont comprises entre 30 millimètres dans le désert du Namib -- considéré comme le plus vieux au monde -- et 500 mm dans la bande de Caprivi, dans l'extrême nord-est.

«Une analyse récente des données climatiques dans le pays a révélé une augmentation des températures d'environ 1,2 degré C sur une centaine d'années», selon l'Institut namibien pour les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

«Récemment, les températures les plus élevées sont devenues encore plus hautes, avec une augmentation du nombre de journées à plus de 35 degrés et une diminution du nombre de nuits froides», ajoute l'institut dans un rapport publié en juin.

Les agriculteurs de subsistance, qui produisent surtout du maïs et du mahangu (millet perlé), déplorent déjà le décalage de la saison des pluies.

«Depuis quelques années, nous devons planter nos cultures plus tard, vers janvier, février, et les récolter plus tard, vers juin au lieu de mai, parce que les pluie se font attendre», explique Bollen Masule, un fermier de Caprivi.

Mais les pénuries en eau n'inquiètent pas seulement les agriculteurs. Les mines d'uranimum, un secteur clé en Namibie, ont également un besoin vital d'eau douce, entre autres pour contenir les nuages de poussière dense soulevés dans l'air sec par l'exploitation de ces gigantesques puits à ciel ouvert.

Non loin de Gobabeb, un panneau indique qu'une nouvelle mine d'uranimum va être construite. Au total 12 mines d'uranimum ont demandé le feu vert du gouvernement. Deux puits sont déjà en activité.

«Nous construisons une usine de déssalement sur la côte pour fournir l'eau nécessaire à ces nouvelles mines», explique Vaino Shivute, responsable de la compagnie namibienne d'eau (NamWater).

Le projet, évalué à 1,2 milliard de dollars namibiens (160 millions de dollars), ne servira qu'aux mines et non pas aux villes situées sur la côte. Il appartient donc aux mines de régler la facture.

Mais une fois l'uranium épuisé, d'ici à une vingtaine d'années, l'eau alimentera les villes de la région.