Le projet d'extension du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est, qui a franchi un nouveau pas avec l'accord de principe conclu mercredi entre experts américains et polonais, doit compléter le système en place aux États-Unis, au Groenland et au Royaume-Uni.

Pour se protéger des engins balistiques dits intercontinentaux, de plus de 5.000 km de portée, les Américains ont investi dans divers systèmes:

- Un système terrestre national de huit intercepteurs de missiles basés en Alaska et deux autres en Californie.

- Un système orbital, capable de détruire les missiles à mi-parcours, qui n'est pas à un stade opérationnel en raison de graves difficultés de mise au point.

- Enfin, un système terrestre avancé, positionné hors du territoire américain, pour intercepter les missiles plus tôt après leur lancement, avec deux bases radar déjà existantes à Fylingdales, en Angleterre, et Thulé, au Groenland (territoire danois autonome).

Pour compléter ce dernier système, les États-Unis comptent installer en Pologne et en République tchèque respectivement dix intercepteurs et un radar bande X très perfectionné, à horizon 2011/2013, pour un coût de 1,6 milliard de dollars.

Les États-Unis ont déjà achevé avec succès les négociations avec les Tchèques début avril, mais les discussions étaient plus laborieuses avec Varsovie depuis l'avènement d'un gouvernement libéral en Pologne fin 2007.

Washington affirme que son système antimissile ne vise pas, et n'est pas apte, à contrer l'arsenal des grandes puissances atomiques (Russie, Chine) mais veut dissuader des «États voyous» (Iran, Corée du Nord) d'utiliser les quelques fusées intercontinentales dont ils pourraient disposer un jour pour frapper l'Amérique.

Un missile intercontinental tiré depuis le nord de l'Iran sur les États-Unis suivrait une route quasi polaire et survolerait en effet l'Europe centrale.

Dans cette hypothèse, «le temps disponible pour une interception serait de trois à cinq minutes», selon un expert militaire à l'OTAN.

Le projet suscite les protestations de la Russie qui voit ce déploiement dans l'ancienne zone d'influence soviétique comme une menace pour sa propre sécurité.

Les missiles intercepteurs sont des fusées à trois étages capables de détruire une cible ennemie une fois celle-ci identifiée, en principe par les radars au sol, en mer et en orbite.

La défense des États-Unis contre des missiles intercontinentaux est une préoccupation majeure des Américains depuis les débuts de l'ère atomique et spatiale.

Washington, qui a dépensé 100 milliards de dollars (valeurs 1997) de 1951 à 1997, en a encore dépensé autant depuis dans la recherche, le développement et la mise en place de systèmes pour sanctuariser leur sol.