Le président du Nicaragua et ex-guérillero Daniel Ortega est prêt à agir comme médiateur dans le conflit en Colombie, à la demande de la guérilla colombienne des Farc, qui exclut un dialogue direct avec le gouvernement du président Alvaro Uribe.

M. Ortega a répondu positivement mercredi à un message diffusé la veille dans lequel les Farc sollicitaient la médiation de l'ancien chef du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), guérilla nicaraguayenne transformée en parti politique.

«Nous répondons aux frères des Farc que oui, nous sommes disposés a discuter, nous sommes prêts au dialogue, pour apporter la paix en Colombie (...) C'est un bon moment pour travailler pour la paix», a déclaré le président Ortega.

Il a expliqué qu'il envisageait d'avoir des contacts «personnellement ou par le biais d'un émissaire» et a appelé le pouvoir colombien à «accepter la formation d'un groupe témoin, de soutien ou garant des accords qui pourraient être conclus dans un processus de négociation» entre l'Etat colombien et les organisations de guérilla.

Pour cette tâche, Daniel Ortega met en avant son expérience au Nicaragua, où il est passé du statut de guérillero à celui de président constitutionnellement élu et où il a lui-même été confronté à une guérilla financée et entraînée par les Etats-Unis, les «Contras», dans les années 1980.

La guérilla du FSLN a chassé du pouvoir en 1979 le dictateur Anastasio Somoza. Transformé en parti, le Front sandiniste a dirigé le pays jusqu'en 1990 avant de passer dans l'opposition jusqu'au retour de M. Ortega à la tête de l'Etat début 2007.

La médiation dans le conflit colombien serait pour Daniel Ortega une manière de s'extirper du contexte nicaraguayen où sa politique est de plus en plus critiquée.

Le président nicaraguayen, 63 ans, et le FSLN ont des sympathies historiques pour les mouvements latino-américains comme la guérilla des Farc, qui s'inscrivent dans le sillage de la révolution cubaine.

Les Farc ont connu en 2008 leur «annus horribilis» avec la mort de trois membres de leur direction centrale et l'humiliation de la libération de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, de trois Américains et onze otages colombiens de la guérilla.

Mais la proposition des Farc paraît difficilement acceptable pour le président colombien Alvaro Uribe qui veut lui un dialogue direct.

De plus, Daniel Ortega, allié du président vénézuélien Hugo Chavez qui entretient des relations difficiles avec M. Uribe, avait appelé en mai les Farc à continuer leur lutte armée malgré la mort de leur chef historique Manuel Marulanda.

En outre, M. Ortega s'était rendu en 1999 à San Vicente del Caguan, en Colombie, où avaient lieu des négociations entre les Farc et le précédent gouvernement colombien et où il avait décoré Manuel Marulanda de la plus haute distinction sandiniste.

Trois survivantes du raid de l'armée colombienne contre un camp des Farc en Equateur, au cours de laquelle le numéro deux de la guérilla colombienne Raul Reyes a été tué début mars, se sont par ailleurs réfugiées au Nicaragua où elles ont obtenu l'asile politique.