Marina Petrella, ancien membre des Brigades rouges, sera extradée vers l'Italie, a confirmé mardi le président français Nicolas Sarkozy tout en faisant savoir qu'il était intervenu auprès de Silvio Berlusconi pour qu'il sollicite une grâce auprès du président italien.

Marina Petrella, 54 ans, a été condamnée en Italie en 1992 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué un commissaire de police et grièvement blessé son chauffeur, à Rome en 1981, ainsi que pour séquestration d'un magistrat, vol avec arme et attentats.

Mère de deux filles, elle vivait en France depuis le début des années 1990 et a été arrêtée en août 2007. Elle se trouve actuellement incarcérée, dans une chambre d'isolement psychiatrique.

Le premier ministre François Fillon a signé, le 9 juin, son décret d'extradition.

Mardi, en marge du sommet du G8 qui a lieu à Toyako, au Japon, M. Sarkozy a confirmé que «la France, conformément aux accords européens» qu'elle a signés et «aux décisions de justice françaises (...) extraderait Madame Petrella».

«Mais j'ai demandé au président du Conseil italien dans ce cas de solliciter du président italien sa grâce, compte tenu de l'ancienneté de la condamnation et compte tenu de la situation psychologique et de santé de Madame Petrella. Le président du Conseil m'a fait valoir qu'il partageait mon analyse et qu'il interviendrait auprès du président pour obtenir la grâce», a ajouté le président français.

Mme Petrella a déposé un recours devant le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française. Ce recours n'est pas suspensif mais il est d'usage que la France n'extrade pas tant que le recours n'a pas été examiné, ce qui peut prendre plusieurs mois.

La ministre de la Justice Rachida Dati a assuré mardi que l'extradition de Marina Petrella se ferait lorsque tous les recours introduits par l'ex-brigadiste contre la décision française seraient épuisés.

Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) a rapidement réagi à la déclaration du président français, demandant au gouvernement de «faire preuve d'humanité» en renonçant à l'extradition.

Marina Petrella «présente, selon ses médecins, un +état dépressif gravissime+» et «avec cette extradition, (elle) est poussée vers la mort dans l'indifférence glaciale de l'administration française», a estimé le SM.

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a également demandé à M. Sarkozy de renoncer à l'extradition, au moment où il se dit prêt à accueillir les guérilleros colombiens des Farc qui renonceraient à la violence.

L'avocate de Mme Petrella s'est dite «horrifiée» par les propos de M. Sarkozy.

«C'est une pirouette de plus pour ne pas passer pour un bourreau alors que ma cliente est en train de mourir. Je suis horrifiée», a déclaré à l'AFP Me Irène Terrel.

La romancière Fred Vargas, très active dans le comité de soutien à un autre ancien militant d'extrême gauche détenu au Brésil, Cesare Battisti, a estimé que «Marina Petrella comme Cesare Battisti étaient tous les deux en danger de mort rapide». Selon elle, «aucun d'eux ne survivra à leur retour en Italie».

Plusieurs anciens activistes italiens de la même mouvance se sont réfugiés en France à partir de la fin des années 70 et y ont ensuite vécu sans être inquiétés, en vertu de la «doctrine Mitterrand», l'ex-président socialiste, qui leur accordait l'asile s'ils renonçaient à la violence.