L'Afghanistan, où augmentent les violences et le nombre de soldats étrangers tués, s'est imposé comme sujet brûlant dans la course à la Maison-Blanche disputée par le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama, après avoir été longtemps éclipsé par l'Irak.

Le candidat démocrate à la présidentielle américaine Barack Obama promet de redéployer un important nombre de soldats de l'Irak vers l'Afghanistan s'il est élu en novembre, en vue d'enrayer le regain d'activité des insurgés talibans, chassés du pouvoir fin 2001, et de pourchasser Al-Qaeda.

Le sénateur de l'Arizona, John McCain, estime lui que l'Irak continue d'être le front de la «guerre contre le terrorisme» et qu'un retrait des troupes américaines y ferait le jeu des ennemis des États-Unis.

L'Afghanistan s'est invité récemment dans la campagne, alors que juin a été le mois le plus meurtrier depuis le début de la guerre pour les forces internationales, avec la mort de 49 soldats, soit plus qu'en Irak, où 31 soldats dont 29 Américains ont été tués le mois dernier, sur fond de baisse sensible des violences.

A Kaboul, lundi, un attentat à la bombe, le plus sanglant dans la capitale afghane depuis le début de l'insurrection des talibans, a fait 41 morts devant l'ambassade d'Inde.

Le sénateur de l'Illinois, qui s'était prononcé contre la guerre en Irak avant même l'invasion de 2003, juge que ce conflit mobilisant quelque 145 000 soldats américains prive de ressources nécessaires pour le combat en Afghanistan, où les États-Unis comptent 32 000 militaires.

L'attentat de Kaboul «est une indication supplémentaire de la sévère détérioration de la sécurité à laquelle nous assistons en Afghanistan», a-t-il déclaré lundi à Saint-Louis (Missouri, centre).

«J'ai toujours dit que l'une des raisons pour lesquelles il faut prudemment commencer à se retirer d'Irak est que nous n'avons pas assez de forces en Afghanistan», a-t-il affirmé.

«En tant que président des États-Unis, je ferai tout pour stabiliser la situation en Afghanistan et lancer l'offensive contre Al-Qaeda» a-t-il ajouté, alors que les services de renseignement américains sont persuadés qu'Oussama ben Laden et ses complices ont trouvé refuge à la frontière afghano-pakistanaise.

L'équipe de campagne d'Obama n'a pas manqué d'attirer l'attention sur les récents propos du chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, qui s'est dit «profondément inquiet de la montée des violences» en Afghanistan, tout en estimant que l'Irak l'empêchait pour l'heure d'y envoyer plus de soldats.

Le candidat démocrate a dit pendant la campagne vouloir retirer la plupart des brigades de combat d'Irak dans un délai de 16 mois, au rythme de une à deux par mois.

John McCain, fervent partisan de l'envoi de renforts en Irak décidé en 2007, assure quant à lui qu'un retrait rapide mettrait en péril les gains enregistrés sur le front de la sécurité et dénonce les raisonnements simplistes de son rival.

«Penser que c'est une situation +ou bien, ou bien+, ou bien l'Afghanistan ou bien l'Irak, est une erreur fondamentale de jugement sur la situation au Moyen-Orient», a-t-il critiqué la semaine passée, dans une nouvelle tentative pour démontrer l'inexpérience de son adversaire.

«Ce qui arrive en Irak compte en Afghanistan», a affirmé le vétéran de la guerre du Vietnam. «Nous avons besoin de gagner en Irak et je suis sûr que nous pouvons gagner en Afghanistan mais ce n'est pas seulement une question de nombre de soldats».

Barack Obama doit se rendre en Irak et en Afghanistan très prochainement, dans le cadre d'un déplacement d'une délégation du Congrès, dont la date n'est pas encore connue pour des raisons de sécurité.