Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain a choisi de se montrer offensif à l'encontre de son adversaire démocrate Barack Obama n'hésitant pas à adopter un ton négatif qui tranche avec sa promesse de mener une campagne «respectueuse».

A moins de 100 jours de la présidentielle et alors que M. Obama semble bénéficier d'une sensible avance dans les sondages, M. McCain ne se contente plus de dénoncer le programme de son adversaire mais est passé aux attaques directes contre lui.

Ces derniers jours, M. McCain a affirmé que M. Obama «préférerait perdre une guerre si cela lui permettait de gagner une élection». Il a accusé M. Obama d'avoir «plaidé pour la défaite» en Irak, laissé entendre que son adversaire pourrait être «socialiste», un terme péjoratif aux Etats-Unis et mis en cause le patriotisme de M. Obama, une attaque récurrente de l'extrême droite américaine contre le sénateur démocrate.

Mais les attaques les plus dures viennent des publicités télévisées payées par la campagne McCain.

Dans un spot publicitaire, largement diffusé ces derniers jours, le camp McCain accuse Barack Obama d'avoir préféré jouer au basket plutôt que de rendre visite à des soldats blessés dans un hôpital militaire américain en Allemagne. «Il semble que le Pentagone ne voulait pas qu'il apporte des caméras», affirme une voix-off suggérant que M. Obama a snobé les soldats blessés parce qu'il ne pouvait pas en tirer avantage aux journaux télévisés.

Selon le site spécialisé indépendant FactCheck.org qui traque les petits et gros mensonges des deux camps durant la campagne électorale, le spot de M. McCain est particulièrement insidieux.

M. Obama a rendu visite à de nombreuses reprises à des soldats blessés en Irak, notamment fin juin à l'hôpital militaire Walter Reed, près de Washington, ou lors de sa visite en Irak, et ce toujours sans journaliste, photographe ou cameraman.

Le camp Obama a expliqué que le sénateur de l'Illinois ne s'était pas rendu à l'hôpital militaire Landsthul en Allemagne car il ne souhaitait pas que cette visite puisse être considérée comme un coup politique.

Cette version des faits peut être contestée mais les visites précédentes de M. Obama à des soldats blessés démontrent que le sénateur s'est accommodé à de nombreuses reprises de l'absence de caméras, contrairement à ce que suggère le camp McCain.

Loin de faire machine arrière, le camp McCain entend exploiter ce filon et a promis d'insister sur la prétendue «indifférence» de M. Obama à l'égard des soldats américains.

Selon le New York Times, la campagne négative de M. McCain inquiète certains républicains qui craignent que leur candidat apparaisse comme quelqu'un d'aigri.

«M. McCain n'est pas à son avantage lorsqu'il est excessivement partisan et négatif», estime ainsi Todd Harris, un stratège républicain ayant travaillé pour M. McCain lors de sa campagne de 2000.

Mais d'autres républicains se félicitent de la pugnacité de leur candidat.

Début juillet, M. McCain a nommé Steve Schmidt, un ex-protégé de l'éminence grise du président Bush Karl Rove et proche du vice-président Dick Cheney, au poste crucial de stratège en chef de sa campagne.

Et, selon le New York Times, M. Schmidt a désormais imposé sa marque sur la campagne du sénateur de l'Arizona faisant fi des scrupules au nom de l'efficacité.

Et dans ce domaine, M. Schmidt semble redoutable. Non seulement, il a travaillé à la réélection de George W. Bush en 2004 mais la campagne qu'il a dirigé pour le compte d'Arnold Schwarzenegger en Californie en 2006 demeure dans les annales. Quand M. Schmidt a pris la direction de la campagne du gouverneur de Californie, M. Schwarzenegger stagnait à 40% dans les sondages. Il a été finalement réélu avec 56% des suffrages contre 39% pour son adversaire démocrate.