L'idée avancée par le président français Nicolas Sarkozy d'un élargissement du G8 pour y ajouter des puissances économiques montantes comme la Chine et l'Inde a fait long feu au sommet de Toyako, dans le nord du Japon.

Selon des sources au G8, trois chefs d'État se sont empressés de clouer le bec au président français lorsqu'il a voulu aborder la question, de sorte que la discussion a vite bifurqué vers d'autres enjeux. L'idée de M. Sarkozy était d'inviter la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud à se joindre en permanence au G8 pour en faire un G13, estimant que le club sélect n'était plus en mesure de résoudre seul de nombreux problèmes. Le sommet du G8 a encore en effet révélé cette année les limites de l'influence des pays dits industrialisés, étant donné la place croissante des économies émergentes sur l'échiquier mondial et étant donné l'apparition de nouveaux défis planétaires tels la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires.

Avec une inflation mondiale en vue et un ralentissement de l'économie, le groupe des huit nations industrialisées a mis un terme à son sommet de trois jours hier en exposant son incapacité à prendre des mesures efficaces contre la hausse des prix du pétrole et des aliments et pour redonner un peu de vigueur au dollar américain.

Le premier ministre, Stephen Harper, a sa petite idée sur ce projet d'élargissement du G8. D'abord, il se fait beau joueur. «Nous considérons plusieurs possibilités. Je pense que l'on doit reconnaître que le G8 a deux objectifs. Le premier est de discuter des enjeux majeurs économiques et politiques du monde. En ce sens, on peut trouver là un bon argument en faveur de l'élargissement. C'est la raison pour laquelle nous favorisons l'approche de la main tendue (par laquelle d'autres pays sont invités à participer à certaines «séances de travail élargies» du groupe).»

Le second objectif du G8, a ensuite fait valoir M. Harper, est d'avoir des discussions avec des nations qui partagent des valeurs communes, des nations qui ne sont pas seulement des économies majeures, dit-il, mais qui sont «de grands pays de démocratie et de liberté». Le chef du gouvernement soutient ainsi que les membres du G8 ont «des perspectives uniques» qui, développées sous forme de consensus, éclairent le reste du monde dans ses prises de décision.

M. Harper a affirmé que l'avenir du G8 se jouera lorsque ses membres auront décidé lequel de ces deux objectifs doit primer. Mais par le ton et la manière dont il a exposé son point de vue à cet égard, on sent bien qu'il n'est pas de l'école de Nicolas Sarkozy.