L'OMC a peiné aujourd'hui à accorder ses 153 pays membres autour d'un «paquet» de négociation allant de la banane au coton, après avoir obtenu une percée inespérée sur les subventions agricoles et les droits de douane.

«Nous avons fait des progrès, mais certains problèmes ne sont toujours pas résolus», a résumé le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, à la sortie d'une réunion entre une trentaine de ministres.

Les pays membres se sont réunis en petits groupes avant de se retrouver à une trentaine pour une séance de synthèse, au septième jour d'une réunion cruciale pour sauver sept ans de négociations commerciales.

Des pays d'Afrique et des Caraïbes ont bloqué la signature d'une entente qui aurait mis un terme à la «guerre de la banane» opposant l'Amérique latine à l'Europe,

Bien d'autres pièces du puzzle restaient à assembler. Parmi celles-ci, la question du mécanisme de sauvegarde, une protection tarifaire souhaitée par des pays en développement en cas de flambée des importations d'un ou plusieurs produits agricoles.

«Cent pays ont fait une déclaration, soutenue par l'Inde, exprimant leurs préoccupations sur les produits spéciaux et le mécanisme de sauvegarde», a indiqué le ministre indien.

Le projet de M. Lamy stipule qu'un pays puisse augmenter ses droits de douane jusqu'à 15% au-dessus de ses niveaux actuels si la flambée d'importations dépasse 40%.

Mais l'Inde, l'Indonésie, la Turquie, les Philippines et des représentants du groupe africain jugent que ce seuil de 40% est trop élevé et les empêchera de déclencher le mécanisme de sauvegarde.

A l'inverse, des exportateurs comme le Paraguay, l'Uruguay, le Costa Rica et le Chili ont indiqué qu'ils souhaitaient une utilisation la plus restrictive possible de ce mécanisme.

«Nous avions trouvé une issue vendredi soir pour obtenir un accord», a rappelé la représentante américaine au Commerce Susan Schwab.

«Malheureusement, un petit nombre de pays émergents ont décidé de rééquilibrer les choses en faveur de l'un ou l'autre sujet», a déploré Mme Schwab.

«Et lorsque on tire un fil, on défait tout l'ouvrage, la seule issue que nous avions jusqu'ici», a-t-elle estimé. «Je pense que c'est une perspective très inquiétante».

Vendredi, le directeur général Pascal Lamy a soumis aux sept principales puissances commerciales (Etats-Unis, UE, Brésil, Inde, Chine, Australie et Japon) une série de chiffres sur les deux chapitres-clés du cycle de Doha pour la libéralisation des échanges, l'agriculture et les produits industriels.

Cette proposition a permis une percée inespérée dans les négociations commerciales.

Sur un autre dossier épineux non résolu, le coton, qui oppose les pays africains aux Etats-Unis et à l'Union européenne, aucune avancée notable n'est apparue dimanche.

Les pays africains ont rencontré dans la journée la représentante américaine au Commerce, mais en sont sortis mécontents, estimant qu'«il n'y a toujours rien de concret» sur une baisse des subventions des Etats-Unis au secteur cotonnier.

Ces pays d'Afrique de l'Ouest, regroupés dans le groupe C-4, (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad) demandent que les Etats industrialisés, essentiellement les Etats-Unis, abaissent leurs subventions, qui plombent selon eux les cours mondiaux et pénalisent le secteur dans les pays pauvres.