Six personnes étaient interrogées vendredi par la police anti-terroriste turque dans le cadre de l'enquête sur l'attentat qui a fait six morts mercredi devant le consulat américain à Istanbul.

Après quatre arrestations jeudi, deux autres personnes ont été interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi en lien avec l'enquête visant à déterminer l'identité et le mobile des auteurs de la fusillade survenue devant la représentation diplomatique, une véritable forteresse située sur la rive européenne de la première ville de Turquie.

Tard jeudi, au cours d'une vaste opération policière organisée dans plusieurs districts de la mégapole, la police a interpellé un suspect, le chauffeur présumé des assaillants, et retrouvé le véhicule à bord duquel les quatre hommes sont arrivés devant la représentation américaine.

Un homme de 36 ans a d'autre part été placé en garde à vue à Digor, dans l'est du pays, dans la nuit de jeudi et vendredi, avant d'être amené à Istanbul pour y être interrogé.

Au total six hommes sont actuellement à la direction de la police anti-terroriste pour leurs liens présumés avec cette attaque qualifiée de «terroriste» par les autorités américaines et turques. Elle a fait six morts: trois assaillants turcs âgés d'une vingtaine d'années et trois policiers.

Un autre policier et un civil ont été blessés dans la fusillade qui n'a duré que quelques minutes.

Selon la presse turque, au moins l'un des assaillants s'était rendu en Afghanistan pour une formation aux armes, information qui n'a pas été confirmée par le ministre de l'Intérieur Besir Atalay.

Ce dernier a évoqué un possible attentat «suicide» et assuré que toutes les pistes étaient étudiées, sans nommer une quelconque organisation.

L'attaque n'a pas été revendiquée.

D'après les autorités d'Ankara, des dizaines de Turcs ont suivi un entraînement militaire dans des camps d'Al-Qaeda en Afghanistan et ont également combattu dans les rangs d'Al-Qaeda en Irak contre les forces sous commandement américain.

Le père de l'un des attaquants aurait été emprisonné dans le cadre d'un procès sur le Hezbollah turc, organisation clandestine homonyme mais sans aucun lien avec les Hezbollah libanais et iranien, affirment les journaux.

La police cherche de son côté à savoir si le réseau terroriste Al-Qaeda, qui dispose de plusieurs cellules en Turquie, est lié à l'attaque. Une hypothèse assez peu probable selon certains analystes qui relèvent l'amateurisme de l'attaque perpétrée avec des fusils à pompe et des pistolets, peu efficaces dans ce type d'attentat.

Mais d'autres spécialistes désignent avec insistance Al-Qaeda.

Selon Rusen Cakir, journaliste au quotidien Vatan et spécialiste de l'islamisme en Turquie, cette attaque doit très certainement être mise sur le compte d'Al-Qaida puisque la Turquie constitue une cible importante de cette nébuleuse terroriste.

«La présence de la Turquie au sein de l'OTAN, son soutien à des degrés divers à la politique américaine en Afghanistan et en Irak en font une cible privilégiée pour Al-Qaida.», souligne le commentateur.

Une cellule turque d'Al-Qaeda avait été tenue pour responsable d'une série d'attentats à Istanbul en novembre 2003 contre deux synagogues, le consulat britannique et la banque britannique HSBC, qui avaient fait 63 morts et des centaines de blessés.

Les États-Unis ont pour leur part fait savoir qu'ils ne pouvaient ni confirmer ni démentir les informations évoquant une implication d'Al-Qaeda.

«Je ne peux les réfuter. Je ne peux les soutenir à ce stade», a déclaré mercredi le porte-parole du département d'État Sean McComrack.