La dictature chinoise parle parfois franchement : «La sécurité est la priorité des Jeux olympiques. Elle garantit le succès des JO tout en étant étroitement liée à la stabilité sociale et l'image de la nation.»

Ce commentaire de Zhou Yongkang, membre du comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste, aide à comprendre pourquoi des missiles sol-air ont fait leur apparition à quelques centaines de mètres des installations olympiques. Ceux qui tentent de s'approcher de la clôture de sécurité ont droit à cette affiche : «District sous administration militaire. Défense d'entrer.»

Il y a donc ces missiles au sud des installations olympiques – des Hongqi 7 pour ceux qui s'y connaissent – mais il y a aussi plein d'autres trucs, moins impressionnants, qui rappellent que les leaders chinois craignent que des groupes viennent saboter les Jeux olympiques. LEURS Jeux.

À la station de métro Wudaokou, par exemple, Yang Fei Fei et son équipe scannent les sacs des passagers entrant dans la station. Un gros appareil de marque Nuctech permet de voir ce que les utilisateurs du métro transportent dans leur sac.

Comme à l'aéroport, avant de monter dans l'avion.

«Ce qu'on a trouvé le plus, ce sont des couteaux pour couper les fruits », dit-elle, précisant que, depuis que les gens savent que les couteaux et les matières inflammables sont interdits dans le métro, le nombre d'objets confisqués a diminué. « On en trouve de moins en moins. Parfois, c'est une ou deux choses par jour.»

Depuis le début cette année 2008 – qui devait en être une chanceuse selon les superstitions numérologiques chinoises – Pékin affirme avoir déjoué pas moins de trois attaques terroristes. Toutes les trois avaient pour origine la province musulmane du Xinjiang, qui borde notamment l'Afghanistan et l'Ouzbékistan.

Selon le peu qu'en ont raconté les autorités, ces rafles ont permis d'éviter l'explosion en vol d'un avion, des attaques sur des édifices gouvernementaux et l'enlèvement d'athlètes pendant les Jeux.

Au centre de Pékin, différents slogans ont fait leur apparition pour faire la promotion des JO, dont un qui prône «Des Jeux olympiques sans incident», arborant d'immenses photos de militaires chinois. Dans une récente entrevue à Beijing TV, le directeur de l'école de police de la capitale, Zuo Zhijin, a identifié trois dangers potentiels pour les Jeux, en commençant par «les ennemis de l'intérieur et de l'extérieur».

«Nos ennemis, a-t-il dit cité par l'AFP, ne veulent pas que la Chine soit bien, ils ne veulent pas que nous utilisions les JO pour montrer l'image et la culture de notre pays.»

Ils seront plus de 100 000 policiers et militaires à défendre la ville contre toute menace pendant les Jeux. Il y aura aussi 204 chiens renifleurs. Des drones, avions sans pilote, seront aussi utilisés.

Autre mesure liée à la sécurité, selon les Chinois : un renforcement des règles d'obtention d'un visa. Celle-ci a été annoncée après les manifestations pro-tibétaines au passage de la flamme olympique en Europe.

En fait, cette mesure qui vise à garder les «forces hostiles» à l'extérieur de la Chine – ce sont les mots d'un haut responsable – est tellement stricte que plusieurs se demandent si Pékin ne perdra pas une partie des retombées économiques attendues du tourisme olympique.

À la décharge des Chinois, les militaires étaient aussi visibles il y a quatre ans à Athènes. Mais rappelez-vous le commentaire de M. Zhou : ici, la sécurité est «étroitement liée à la paix sociale». Bref, entre terroristes et manifestants légitimes, déplorent déjà des groupes de défense des droits de la personne comme Human Rights Watch, il n'y a qu'un pas à franchir.

Et ce pas risque de mener l'un et l'autre tout droit dans le même panier à salade.