Des milliers de Hazaras se sont rassemblés mardi matin en périphérie de la capitale afghane, avant de défiler dans une ambiance tendue, pour dénoncer la mort de 9 des leurs au cours d'affrontements avec des nomades Kouchis sur leurs terres, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des centaines de policiers en tenue anti-émeute étaient déployés sur le parcours de la manifestation, tandis que l'important service d'ordre des organisateurs s'employait à contenir la colère des manifestants.

Des pancartes demandaient «justice pour le peuple hazara», en dari et en anglais.

«Les Kouchis doivent être désarmés, comme toutes les autres nations d'Afghanistan», proclamait une immense banderole en tête de cortège.

Les Hazaras sont une minorité chiite d'origine mongole. Les Kouchis sont des Pachtouns qui se déplacent à travers l'Afghanistan en fonction des saisons, à la recherche de pâturages pour leurs animaux.

Leurs affrontements réguliers traduisent les tensions traditionnelles entre nomades et sédentaires.

«Nous sommes venus dénoncer l'invasion de nos terres par les nomades Kouchis, dans le centre de l'Afghanistan. Le gouvernement doit faire quelque chose pour résoudre ce problème», a déclaré sur place Akram Gizabi, porte-parole du Mouvement civil d'Afghanistan.

«Dans le district de Behsoud de la province de Wardak (100 km à l'est de Kaboul, ndlr), les Kouchis ont détruit ces dernières semaines nos maisons, dévasté nos champs et tué neuf personnes, dont quatre enfants», a-t-il ajouté.

Un des organisateurs de la manifestation, Kazim Wahidi du Comité de défense de la dignité du peuple, a estimé que 80.000 personnes, venues de Kaboul et des provinces environnantes, participaient à la manifestation.

La police n'était pas en mesure de donner le chiffre des manifestants en milieu de matinée.

«La manifestation se déroule de manière pacifique, quelques jeunes excités et violents ont été calmés par la police et les organisateurs», a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Zemaraï Bashary.

«Nous ne savons pas combien de personnes ont été tuées au cours d'affrontements dans le district de Behsoud», a-t-il ajouté.

Le parcours, qui devait initialement s'achever devant la mission des Nations unies en Afghanistan, a été modifié pour prendre fin autour d'un immense rond-point dans un quartier périphérique.

«Nous ne voulons pas de violence, nous sommes venus défendre nos droits de manière pacifique, dans un cadre politique», a expliqué Kazim Wahidi pour justifier ce changement d'itinéraire.

Autour de lui, les manifestants brandissaient des portraits des personnes tuées lors des affrontements avec les Kouchis.

«Les Kouchis ont envahi les terres des Hazaras. Ils nous attaquent et le gouvernement ne fait rien, car il les soutient. Que les Kouchis rentrent chez eux», a accusé Massoom Ali, un jeune manifestant âgé de 16 ans.

Une femme munie d'un haut-parleur lançait des appels de soutien repris par la foule à l'un des principaux responsables hazara, Mohammad Mohaqiq, en grève de la faim depuis sept jours pour dénoncer les violences des Kouchis.

«Nous sommes fiers de Mohaqiq, mettons fin à la politique de (Hamid) Karzaï», le président afghan, criait-elle.

D'autres manifestations de Hazaras ont eu lieu dans la province de Bamyan, dans le centre de l'Afghanistan, selon les autorités locales.