Au moins une personne a été tuée et 37 blessées dans une série d'explosions d'au moins six bombes à Karachi, la grande ville du sud du Pakistan, au lendemain d'un attentat suicide qui avait fait 19 morts à Islamabad, a annoncé la police.

«Au moins une personne a été tuée et une trentaine blessées dans une série d'explosions de bombes de faible intensité dans les quartiers dominés par l'ethnie pachtoune à Karachi», a déclaré à l'AFP Mohammad Saqlain, un officier de la police de Karachi, qui a évoqué six engins explosifs.

Sept enfants figurent parmi les blessés, a-t-il ajouté.

Le Dr Liaqat Memon, de l'hôpital principal de la ville, a évoqué «37 blessés» au moins.

Dimanche soir, 19 personnes avaient été tuées dans un attentat suicide visant des policiers à Islamabad, lors de la dispersion d'une manifestation d'islamistes qui commémoraient le 1er anniversaire de l'assaut meurtrier par l'armée de la Mosquée rouge, bastion de militants fondamentalistes en plein coeur de la capitale pakistanaise.

Quatorze des tués étaient des policiers, les cinq autres des civils.

A Karachi lundi, «apparemment, le but était de créer la panique dans cette ville» de quelque 12 millions d'habitants, a estimé le chef de la police provinciale Babar Khattak. «On peut aussi penser que ceux qui ont posé ces bombes voulaient intensifier les tensions entre ethnies», a-t-il ajouté.

«Des équipes de démineurs ont été dépêchées sur place pour déterminer la nature exacte des explosions», a-t-il ajouté.

Le Pakistan est en proie, depuis plus d'un an mais plus particulièrement depuis le drame de la Mosquée rouge, à une vague sans précédent d'attentats --suicide pour la plupart-- qui ont fait plus de 1100 morts.

Les talibans pakistanais, à l'unisson d'Al-Qaïda, avaient décrété le «jihad», la «guerre sainte», au pouvoir du président Pervez Musharraf, allié-clé de Washington dans sa «guerre contre le terrorisme», et juré de venger les «martyrs» de la Mosquée rouge.

L'armée et la police avaient assiégé le lieu de culte dès le 3 juillet, des centaines de militants islamistes lourdement armés y étant retranchés. L'assaut, donné les 10 et 11 juillet, avait fait une centaine de morts, principalement des militants fondamentalistes, dont des femmes.

A Karachi lundi soir, la tension montait dans les quartiers pauvres touchés par les six attentats: des groupes de manifestants lançaient des cailloux sur les voitures et brûlaient des pneus dans les rues en scandant des slogans hostiles au gouvernement, a constaté un journaliste de l'AFP.

On pouvait même entendre des coups de feu sporadiques et les policiers battaient en retraite à certains endroits mais il était difficile de déterminer d'où venaient les tirs.

Les troupes paramilitaires des Rangers ont été déployées dans ces zones «pour normaliser la situation le plus rapidement possible», a indiqué à l'AFP leur porte-parole, le capitaine Fazal Mehmud.

«Nous disposons d'une force de 10 000 Rangers à Karachi, dont 3000 ont été déployés dans les zones affectées par les attentats», a-t-il précisé.