Quarante et une personnes ont été tuées lundi et 139 blessées quand un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée en tentant de pénétrer dans l'enceinte de l'ambassade d'Inde en plein centre de Kaboul, a-t-on appris de sources officielles.

L'attaché militaire indien --un général-- ainsi qu'un autre diplomate et deux gardes de sécurité également indiens, figurent parmi les personnes tuées, selon New Delhi.

La plupart des victimes sont des civils afghans venus chercher un visa, a indiqué Najib Nikzad, un porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Six policiers afghans ont également péri dans l'explosion.

Il s'agit du bilan le plus élevé d'un attentat à la bombe dans la capitale afghane depuis le début de l'insurrection des talibans, chassés du pouvoir en novembre 2001 par une coalition militaire emmenée par les États-Unis.

Le ministère afghan de l'Intérieur a estimé que l'attentat avait été commis en «liaison et avec les conseils de milieux du renseignement de la région». Un porte-parole du ministère, Zemarai Bashary, à qui l'on demandait s'il faisait allusion au Pakistan voisin, s'est toutefois refusé à tout commentaire.

Tôt dans la matinée, un kamikaze a fait exploser son véhicule piégé en tentant de forcer le passage entre la voiture d'un diplomate qui entrait dans l'enceinte et l'épaisse grille qui en barre l'entrée, a raconté à l'AFP l'ambassadeur d'Inde, Jayan Prasad. Le corps du diplomate, un conseiller politique, a été propulsé sur le toit d'un immeuble voisin où il a été retrouvé au bout de plusieurs heures, selon un membre de la représentation indienne.

La puissante explosion a immédiatement libéré une épaisse colonne de fumée noire et le sol était jonché de membres mutilés et de morceaux de chair humaine, ont rapporté des témoins.

L'Inde est un fidèle allié du gouvernement du président Hamid Karzaï, confronté à la rébellion des talibans depuis fin 2001, qui s'intensifie chaque jour malgré la présence de quelque 70 000 soldats de deux forces multinationales, dont un important contingent sécurise pourtant Kaboul.

«De tels actes de terreur ne nous détourneront pas de notre engagement envers le gouvernement et le peuple afghans», a indiqué le gouvernement indien dans un communiqué.

«Nous marchons sur des décombres», a indiqué pour sa part à l'AFP un responsable de l'ambassade au téléphone, la police ayant bouclé le quartier. «L'ambassade a subi de graves dégâts», a-t-il ajouté.

L'attentat s'est produit juste après 08H30 (minuit HAE). Les vitrines des magasins ont été soufflées à plusieurs centaines de mètres à la ronde.

Kaboul, jusqu'alors épargnée, est devenue le théâtre, ces deux dernières années, d'une série d'attentats suicide commis par les insurgés islamistes, principalement les talibans, qui concentraient auparavant leurs attaques dans leurs bastions du sud et de l'est du pays.

Toutefois, les talibans ont démenti être impliqués dans l'attaque de l'ambassade d'Inde. «Nous n'avons pas fait cela», a assuré au téléphone à l'AFP un de leurs porte-parole, Zabihullah Mujahid. Cependant, les talibans ont nié à plusieurs reprises par le passé avoir perpétré des attentats qui ont fait beaucoup de victimes mais que leur ont attribués les enquêteurs.

Les combattants islamistes, principalement les talibans, ont cependant multiplié les attaques dans la capitale ces derniers mois.

L'une des attaques les plus audacieuses s'est produite le 27 avril: un commando des talibans a ouvert le feu à l'arme légère et au lance-roquettes en direction de la tribune officielle où se trouvait le président Karzaï en plein défilé militaire.

Le chef de l'État n'avait pas été touché, mais un député et deux civils avaient péri.

Lundi, les États-Unis, dont Kaboul est l'un des principaux alliés dans leur «guerre contre le terrorisme», ont fermement condamné «cet acte de violence inutile» et la Commission européenne «cette attaque terroriste qui visait des civils innocents ainsi que le personnel de l'ambassade».