Radovan Karadzic pourrait être transféré vers La Haye d'ici mercredi ou jeudi, plus d'une semaine après son arrestation rocambolesque à Belgrade qui a mis fin à la longue cavale, encore bien mystérieuse, de l'ancien chef des Serbes de Bosnie.

L'avocat de Radovan Karadzic, Me Svetozar Vujacic, a indiqué au quotidien Vecernje novosti de dimanche que son client ne serait pas transféré vers le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) avant mercredi ou jeudi.

Son frère, Luka, a confirmé sur la radio B92, à la sortie de la prison, le dépôt d'un recours contre le transfèrement. Me Vujacic a préféré jusqu'ici entretenir le flou sur le contenu de ce recours.

Radovan Karadzic devra répondre à La Haye de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). La justice internationale lui reproche notamment le massacre de Srebrenica (8 000 morts).

Radovan Karadzic était avec son ancien bras droit militaire, le général Ratko Mladic, le principal fugitif dont les Européens réclamaient l'arrestation pour que Belgrade puisse aller de l'avant dans ses aspirations européennes. Mais le militaire court toujours.

Radovan Karadzic avait disparu depuis 1996, peu après son inculpation par le TPI en 1995. Il a finalement été arrêté à Belgrade où il vivait sous le nom de Dragan Dabic, pratiquant la médecine alternative.

Les personnes qui l'ont rencontré assurent n'avoir pas eu le moindre soupçon. Il est vrai que Radovan Karadzic, ancien psychiatre s'était rendu méconnaissable avec de longs cheveux blancs, une barbe épaisse, ayant plutôt l'apparence d'un vieil original.

La presse serbe est avide de détails sur sa traque par les services secrets et les conditions de son arrestation dans un autobus à Belgrade.

Selon le quotidien Blic, les services secrets serbes ont été mis sur la piste de Radovan Karadzic par un appel téléphonique anonyme les invitant à surveiller un médecin alternatif de Belgrade: «vérifiez, sa voix ressemble beaucoup à celle de Karadzic», a déclaré un homme avant de raccrocher. Les services secrets ont alors filé l'homme pendant six semaines pour découvrir qu'il s'agissait de Radovan Karadzic.

Les quotidiens ont cherché à connaître ses relations avec une femme brune lui souriant sur une photo, publiée dans la presse du monde entier. Celle-ci, Mila Cicak, a démenti de nouveau dimanche avoir été sa maîtresse et assuré n'avoir connu qu'un médecin du nom de Dragan Dabic.

Le neveu de Radovan Karadzic, Dragan, a indiqué qu'il communiquait avec son oncle et que «s'il le fallait, je le ferais de nouveau», a-t-il dit au quotidien Press.

Une controverse persiste sur la date de l'arrestation de Karadzic, le 21 juillet selon les autorités, le 18 selon son avocat.

En ce qui concerne la dimension politique de l'événement, plusieurs journaux ont relevé que l'arrestation de Karadzic est intervenue après l'arrivée d'un proche du président Boris Tadic à la tête des services secrets et la prestation de serment du nouveau gouvernement pro-européen, le 7 juillet.

L'opposition prépare un meeting mardi à Belgrade, comptant sur les sentiments d'hostilité qu'éveille le TPI dans l'opinion.

L'ancien Premier ministre serbe, le nationaliste Vojislav Kostunica, a estimé que le TPI n'assurait pas la justice mais «l'injustice» et accusé le gouvernement de «ne pas avoir le courage» de remettre en cause la «légitimité» du tribunal.

L'arrestation de Karadzic a suscité jusqu'ici des manifestations modestes. Mais la présidence serbe a révélé que Boris Tadic avait reçu plusieurs menaces de mort par courrier électronique.