Le président Hamid Karzaï a annoncé mercredi qu'il avait démis de ses fonctions le procureur général pour l'Afghanistan, Abdul Jabar Sabet, qui avait fait part de son intention d'être candidat à l'élection présidentielle prévue l'année prochaine.

Abdul Jabar Sabet, âgé de 62 ans, a dénoncé cette décision, qu'il a qualifiée de «contraire à la Constitution» devant des journalistes.

Pour sa part, le président Karzaï a indiqué dans un communiqué que la déclaration de candidature de Sabet équivalait à une démission, car le procureur général se devait d'être «impartial et libre de toute attache politique».

«En conséquence, l'annonce de sa candidature équivaut à une démission et nous l'acceptons», a écrit M. Karzaï.

Mais Abdul Jabar Sabet a expliqué à des journalistes que la Constitution lui accordait le droit de quitter ses fonctions 45 jours avant l'élection.

«Le président affirme que j'ai démissionné. C'est faux, il m'a renvoyé», a-t-il dénoncé au cours d'une conférence de presse.

«Le président a peur de moi, il sait que j'ai le soutien du peuple afghan et il craint de ne pouvoir l'emporter face à moi le jour de l'élection», a poursuivi Abdul Jabar Sabet, nommé par Hamid Karzaï en juin 2006.

«L'article 153 de la Constitution demande au ministre de la Justice d'être impartial, je le suis. Je ne suis membre d'aucun parti», a-t-il souligné.

La Constitution afghane interdit au procureur général, tout comme aux policiers et militaires, de participer à des activités politiques, a expliqué à l'AFP Nasrullah Stanikzai, professeur de science politique à l'université de Kaboul.

«Il s'agit d'éviter qu'ils n'utilisent leur mandat ou leur fonction lors de la campagne électorale», a-t-il souligné.

Les députés et les hauts fonctionnaires peuvent eux demeurer en fonction jusqu'à 45 jours avant l'élection, selon Nasrullah Stanikzai.

Abdul Jabar Sabet a prévenu que sa candidature risquait de mettre sa vie en danger et il a regretté le manque de soutien du président pour poursuivre en justice des gouverneurs et hauts responsables soupçonnés de corruption.

«Au cours de mes 23 mois de mandat, j'ai vu de nombreuses choses et je vais les dévoiler bientôt au monde entier et à la Nation afghane», a-t-il menacé.