Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Africaine (UA), réunis à huis clos à Charm El-Cheikh en Egypte, discutaient mardi d'une résolution sur un partage du pouvoir au Zimbabwe, a appris l'AFP de sources proches de l'UA.

«L'Angola a présenté au nom de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) un projet de résolution sur la mise en place au Zimbabwe d'un gouvernement d'union nationale», a indiqué à l'AFP un diplomate africain qui suit les débats.

«Dans l'esprit de certains chef d'Etat, ce partage devrait se faire avec (le chef de l'opposition) Morgan Tsvangirai comme Premier ministre, mais cela n'est pas explicitement indiqué dans le projet de résolution», a-t-il ajouté soulignant que «les débats sont très vifs et francs».

Selon la même source, le président sénégalais Abdoulaye «Wade a parlé pendant plus d'une heure, affirmant que le deuxième tour était nul et non avenu et qu'il avait tenté de convaincre Robert Mugabe de ne pas l'organiser. Le Nigeria est aussi intervenu fermement pour dénoncer le deuxième tour et a affirmé qu'il ne reflétait pas la volonté du peuple zimbabwéen».

Nigeria et Sénégal estiment que le gouvernement d'union nationale doit «être fondé sur le résultat du premier tour de la présidentielle», qui avait vu M. Tsvangirai arriver en tête.

Un autre participant à la réunion a indiqué qu'un des États membres de la SADC avait proposé «la suspension du Zimbabwe de l'UA et de la SADC» pour faire pression sur M. Mugabe afin qu'il accepte le partage du pouvoir.

Le texte, de sources bien informées, qui a été préparé par l'Afrique du Sud (médiateur dans la crise), est soutenu par l'ensemble des membres de la SADC.

Un autre témoin de la réunion a expliqué que «le projet de résolution s'articule autour de trois points: 1/lancer le dialogue entre le gouvernement et l'opposition, 2/lancer un appel à la constitution d'un gouvernement d'union nationale, 3/soutenir les efforts de médiation de la SADC».

Habituellement, l'UA suit dans ses résolutions, les recommandations des communautés régionales concernées par une crise.

Les États-Unis ont jugé mardi qu'il n'était «pas trop tard» pour que le président Robert Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai parviennent à un règlement politique de la crise au Zimbabwe.

Cette crise a dominé le 11e sommet de l'UA qui se déroule dans la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh depuis lundi, et qui devait se terminer mardi soir.

L'Occident a continué à faire pression sur l'UA pour qu'elle termine ce sommet sur une prise de position ferme sur le Zimbabwe, à l'instar des Etats-Unis, de l'Europe ou de l'ONU, mais l'UA peine à trouver un consensus.

«Si l'UA ne se prononce pas fermement, cela risque de créer un fossé entre l'UE, des pays occidentaux et l'UA, ce qui ne serait pas souhaitable alors que nous essayons de renforcer notre coopération», a indiqué mardi à l'AFP un diplomate européen en marge du sommet.