Une caricature de l'hebdomadaire américain The New Yorker représentant le candidat présidentiel démocrate Barack Obama habillé en militant islamiste, et sa femme Michelle avec une kalachnikov en bandoulière, a provoqué la consternation du camp démocrate.

En couverture du magazine, la caricature montre M. Obama dans le bureau ovale de la Maison Blanche, coiffé d'un turban et portant une djellaba, des babouches aux pieds, et sa femme Michelle, coiffure afro et habillée en guérillera, tandis que le drapeau américain brûle dans la cheminée. Au mur, est accroché un portrait du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

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Le New Yorker, un des magazines préférés des intellectuels américains et plutôt classé à gauche, a expliqué dans un communiqué qu'il entendait dénoncer avec cette caricature la «campagne de peur et de désinformation» menée contre le sénateur de l'Illinois.

«Le New Yorker peut penser que sa couverture est destinée à brocarder la caricature de Barack Obama faite par l'extrême droite mais beaucoup de lecteurs la jugeront de mauvais goût et offensante et nous sommes d'accord», a dit le directeur de la communication de M. Obama, Bill Burton.

Le porte-parole du candidat républicain à la Maison Blanche John McCain, Tucker Bonds, a indiqué que l'équipe du sénateur de l'Arizona était «entièrement d'accord» avec l'état-major de campagne d'Obama pour dénoncer cette couverture.

Au cours d'un point de presse à Phoenix, M. McCain a affirmé que cette caricature était «totalement inappropriée». «Franchement, je comprends que le sénateur Obama et ses partisans puissent la trouver offensante», a dit M. McCain.

De nombreux sites d'extrême droite dépeignent M. Obama comme un musulman et M. McCain avait accusé il y a quelques semaines son adversaire démocrate d'être «le candidat préféré du Hamas».

Le New Yorker qui publie par ailleurs dans son numéro daté du 21 juillet une longue enquête sur les premiers pas de M. Obama en politique à Chicago de 1991 à 2004, accorde généralement une large place aux dessins et à la caricature, privilégiant un humour subtil et décalé.

«Notre idée était de nous en prendre aux mensonges, aux idées erronées et aux distorsions concernant le couple Obama», a expliqué sur CNN le rédacteur en chef du New Yorker David Remnick. «Nous avons tous entendus ces contre-vérités sur leur supposé manque de patriotisme, leur faiblesse face au terrorisme... et nous avons tenté de mettre toutes ces images sur une couverture», a-t-il ajouté.

Ce n'est pas une satire des Obama mais une satire des rumeurs et des mensonges à leur encontre, a dit M. Remnick.

Dans un communiqué publié auparavant, leNew Yorker s'était défendu d'avoir utilisé ces stéréotypes au premier degré.

L'auteur de la caricature, le dessinateur Barry Blitt a expliqué quant à lui sur le site politique en ligne Huffington Post qu'il avait voulu illustrer combien étaient «ridicules» les attaques outrancières portées contre M. Obama par l'extrême droite. M. Blitt travaille régulièrement pour le New Yorker. Un de ses dessins publiés en Une l'an dernier montrait le président George W. Bush en valet de pied, plumeau à la main, du vice-président Dick Cheney.

Mais pour Jake Tapper, un éditorialiste politique de la chaîne ABC, la caricature de M. Blitt est «incendiaire». «Je me demande quelles auraient été les réactions si (des magazines conservateurs comme) Weekly Standard ou la National Review avaient publié cette caricature», a dit M. Tapper.

David Axelrod, le principal stratège de M. Obama, a dénoncé de son côté la caricature «peu brillante» du magazine mais ajouté que l'équipe du sénateur n'avait pas l'intention de se focaliser sur ce sujet.