Les Etats-Unis ont pressé l'Inde mardi d'agir vite pour que le Congrès américain ait encore le temps de ratifier un important accord bilatéral de coopération nucléaire civile, maintenant que le gouvernement de Manmohan Singh a survécu à un vote de confiance passionné.

La porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, s'est dite confiante dans le fait que cet accord ait assez de soutien au Congrès pour être ratifié.

«Nous pensons qu'il y a assez de soutien au Congrès pour que nous puissions mener cela à bien, si nous parvenons à soumettre cela au vote du Congrès», a-t-elle dit.

Mais, a-t-elle ajouté, «il ne reste plus beaucoup de jours» de session au Congrès américain.

Après les vacances d'août, l'activité parlementaire américaine va être considérablement ralentie à l'approche et après les élections de novembre, jusqu'à la fin de la législature en janvier 2009.

Après avoir sauvé sa tête en même temps que l'accord nucléaire avec l'administration Bush, le gouvernement indien doit à présent, pour que le processus se poursuive, négocier un accord dit de sauvegarde avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et trouver un arrangement avec le Groupe des fournisseurs nucléaires, qui contrôle le commerce international de matière sensible.

Tout aurait été remis en cause par une mise en minorité du gouvernement indien.

Mais celui-ci a survécu mardi à un vote de confiance rendu nécessaire par la décision du parti communiste et de trois partis d'extrême gauche de lui retirer leur soutien à cause de leur hostilité au pacte nucléaire conclu avec l'administration Bush.

L'accord est la pierre angulaire du rapprochement diplomatique entre la grande puissance américaine et la puissance émergente indienne.

Il lève l'interdiction faite aux compagnies américaines de coopérer avec l'Inde, qui a procédé en 1974 à son premier essai nucléaire militaire et qui n'a pas signé le Traité de non-prolifération.

Il permet le commerce nucléaire avec l'Inde si elle accepte de séparer ses programmes nucléaires militaire et civil et de placer sous le contrôle international 14 de ses 22 réacteurs nucléaires.

L'administration Bush le défend en disant qu'il ramène l'Inde sous le contrôle international après 30 années en dehors du système, et qu'il initie un «nouveau partenariat stratégique» avec la plus grande démocratie au monde.

Mais l'accord empoisonne la vie politique indienne depuis un an.

Les partis de gauche et le principal parti de l'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), reprochent au gouvernement d'abandonner un pan de la souveraineté du pays et de menacer le programme nucléaire militaire national en faisant entrer les inspecteurs internationaux, alors que l'Inde a pour voisin un Pakistan lui aussi doté de la bombe atomique.

Ils invoquent le statut de l'Inde, chef de file du Mouvement des non-alignés qui serait désormais étroitement lié aux Etats-Unis.

M. Singh répond que le pacte est essentiel pour faire face à une demande énergétique en augmentation constante dans une économie en pleine croissance.

L'accord a ses détracteurs aussi aux Etats-Unis. Ils relèvent que les activités nucléaires militaires de l'Inde ne tombent pas sous le coup de l'accord. Ils s'alarment du risque de prolifération et du signal que risquent de retenir les pays détenant ou tentés par l'arme nucléaire, alors que l'administration Bush est confronté aux défis nucléaires iranien et nord-coréen.