Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine, Barack Obama, a estimé dans une interview vendredi que le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï n'était «pas sorti de son bunker» pour remettre le pays sur pied, s'attirant les foudres républicaines.

«Je pense que le gouvernement Karzaï n'est pas sorti de son bunker pour aider à organiser l'Afghanistan et le gouvernement, la justice, les forces de police, de manière à redonner confiance aux gens», a affirmé sur CNN le sénateur de l'Illinois, qui doit se rendre prochainement en Afghanistan et en Irak, à une date non spécifiée pour des raisons de sécurité.

«Donc il y a beaucoup de problèmes là-bas», a-t-il ajouté dans des extraits de cet entretien dont l'intégralité sera diffusée dimanche.

«Une grosse partie du problème réside dans le fait que nous avons laissé les talibans et Al-Qaeda se regrouper alors que nous les avions dans nos filets. C'est une grosse erreur que je vais corriger quand je serai président», a-t-il ajouté, dans une pique à l'administration Bush.

Ses commentaires lui ont immédiatement valu les critiques du camp républicain, qui l'accuse d'insulter un allié-clé des États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme» et d'ignorer les multiples tentatives d'assassinat contre le président Karzaï.

«Barack Obama ne s'intéressait pas à l'Afghanistan avant de faire campagne pour la présidence», a réagi le porte-parole du Comité national républicain, Alex Conant.

«Obama n'est jamais allé en Afghanistan pour rencontrer nos alliés sur le terrain, et il est malgré tout assez audacieux pour affirmer que le président Karzaï 'n'est pas sorti de son bunker'», a-t-il poursuivi, jugeant que le candidat démocrate était «naïvement inconscient des réalités vécues par les alliés des États-Unis».

Le prétendant démocrate à la Maison-Blanche a par ailleurs réaffirmé que le leader d'Al-Qaeda, Oussama ben Laden, devrait être exécuté si jamais il était capturé vivant.

«Je ne suis pas un fervent partisan de la peine de mort», et «j'estime que cela doit seulement être réservé aux crimes les plus ignobles, mais je suis persuadé que préméditer et mettre sur pied la mort de 3.000 Américains justifie une telle approche», a-t-il souligné, en référence aux attentats du 11-Septembre.

«Nous avons échoué à poursuivre sérieusement Al-Qaeda lors des cinq dernières années à cause de l'Irak, et je pense que nous observons maintenant les conséquences de tout cela en Afghanistan», a ajouté le sénateur.

Barack Obama accuse l'administration Bush d'avoir détourné les moyens militaires américains nécessaires à la guerre en Afghanistan pour aller se battre en Irak dans un conflit auquel il était opposé.

Il a promis de rapatrier les troupes américaines d'Irak au rythme d'une ou deux brigades par mois et d'envoyer plus de soldats en Afghanistan s'il est élu président en novembre, face au candidat républicain John McCain.