De nombreuses interrogations ont surgi en France à la suite d'un incident le 7 juillet sur le site nucléaire du Tricastin (sud-est), conduisant le gouvernement à exiger jeudi la vérification de l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires françaises.

De son côté, le groupe nucléaire français Areva a admis des erreurs et décidé de nommer un nouveau directeur général de sa filiale Socatri, impliquée dans l'incident nucléaire du Tricastin.

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de Socatri a donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.

Une enquête interne, diligentée par Areva, a fait apparaître «un manque de coordination évident entre les équipes en charge des travaux et celles responsables de l'exploitation» qui est «à l'origine de cet incident».

«L'erreur de l'exploitant est aussi d'avoir attendu les résultats des mesures complémentaires pour prévenir les autorités, près de trois heures», reconnaît encore Areva, dont le PDG Anne Lauvergeon doit se rendre sur place vendredi.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait imposé vendredi dernier à la Socatri de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement.

L'incident, classé au niveau 1, au bas de l'échelle des incidents nucléaires qui va de 0 à 7, a été déclaré sans risques par les autorités, mais a suscité les protestations des écologistes.

Plus inquiétant, les contrôles effectués ont révélé dans la nappe phréatique des points de concentration en uranium anormalement élevés. Cette pollution serait antérieure à l'incident du 7 juillet.

«Je veux une totale transparence sur ce dossier. Il faut faire un état des lieux», a déclaré le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo au quotidien Le Parisien.

Il a souhaité que l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), saisi du dossier, «se penche sur la situation radio-écologique de l'ensemble des sites nucléaires et que l'on vérifie notamment l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires françaises».

La France possède le deuxième réseau au monde de réacteurs nucléaires -58- après les États-Unis, et l'électricité d'origine nucléaire représente près de 80% de la consommation électrique française.

Les mesures de précaution limitant l'usage de l'eau dans la région de Tricastin ont été maintenues, mais une semaine après la fuite d'uranium, les habitants ne cachaient pas leur inquiétude.

«On a été traités en sous-citoyens», s'est insurgé un responsable de la mairie de Bollène, une des communes où Tricastin est installé.

Pour ce responsable, Yves Beck, la gestion de l'incident par Areva et les autorités a été «inacceptable».

Pour leur part, les députés Verts ont réclamé une commission d'enquête parlementaire sur les pollutions radioactives constatées et sur l'incident du Tricastin.