Le président Hamid Karzaï s'est rendu jeudi pour une visite surprise auprès des proches des victimes d'une frappe aérienne de la coalition sous commandement américain, qui a tué 47 civils à l'occasion d'un mariage dans un village le 6 juillet dans l'est de l'Afghanistan.

Hamid Karzaï, qui quitte rarement le palais présidentiel, est rentré en hélicoptère à Kaboul après avoir rencontré pendant deux heures des chefs tribaux et des familles des victimes, à Haska Mina, dans le district de Deh Bala, près de la frontière pakistanaise, selon un communiqué de la présidence.

«Je ne suis pas venu ici pour faire un discours politique, je suis venu partager votre chagrin», a-t-il dit à la foule, a constaté un correspondant de l'AFP.

«La douleur et le chagrin de chacun des foyers de Haska Mina sont partagés par l'ensemble de la population d'Afghanistan. Puisse Dieu nous accorder la tolérance et la patience de supporter ces épreuves», a-t-il poursuivi, selon le communiqué.

Le président a promis des dédommagements, le gouvernement devant notamment prendre en charge le pèlerinage à la Mecque, l'un des cinq piliers de l'islam, du chef de famille de chacune des victimes.

«Nous sommes devenus un bouclier protégeant le gouvernement contre le terrorisme, nous ne laissons personne utiliser notre région pour commettre des actes criminels, mais nous sommes quand même massacrés. Je ne comprends pas», a dénoncé à l'AFP Abdul Satar, un responsable tribal.

Quarante-sept personnes participant à un mariage ont péri dans un bombardement de la coalition le 6 juillet dans ce district de la province de Nangarhar, selon une commission d'enquête mise sur pied par le chef de l'Etat.

Deux jours plus tôt, une frappe aérienne avait tué 17 civils dans le district de Waygal, dans la province du Nouristan (est), selon une autre commission présidentielle.

La coalition enquête toujours sur ces accusations, mais elle a reconnu mercredi avoir tué la veille huit civils lors d'une frappe visant des insurgés, cette fois ci dans l'ouest de l'Afghanistan, dans la province de Farah.

Hamid Karzaï a régulièrement appelé les troupes internationales à la prudence et à la retenue afin d'éviter les pertes civiles.

Au cours des six premiers mois de 2008, quelque 700 civils afghans ont été tués dans des violences, dont 255 par les forces internationales, la plupart au cours de frappes aériennes, selon les Nations unies.