Le président américain George W. Bush assistera bel et bien à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin le 8 août, suivant le principe que l'événement est sportif et non pas politique, quoi qu'en disent des pourfendeurs du régime chinois.

La Maison Blanche a levé jeudi l'incertitude qu'elle laissait planer depuis des mois sur la présence, à la résonance éminemment politique, de M. Bush ce jour-là au National Stadium de Pékin.

M. Bush assistera à la cérémonie au cours d'un voyage qui le conduira aussi, avec son épouse Laura, en Corée du Sud et en Thaïlande, a indiqué la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, dans un communiqué.

Jeudi encore, quelques heures avant l'annonce officielle de sa participation, sa porte-parole tenait un propos emberlificoté sur le sujet pour finalement parvenir à l'équivoque: «Il va aux Jeux et la cérémonie d'ouverture pourrait faire partie de ce voyage».

M. Bush disait depuis des mois qu'il se rendrait aux Jeux. Il le répétait, face aux nombreux appels à boycotter l'événement, et même après les troubles survenus mi-mars au Tibet et les accusations de répression portées contre les autorités chinoises.

Pour maints défenseurs des droits de l'Homme, la présence aux Jeux cautionne les agissements du régime chinois et l'aide à donner une autre image de soi-même, alors qu'un boycott retournerait contre le gouvernement l'attention accordée à l'événement peut-être le plus suivi au monde cette année.

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a estimé jeudi que le président Bush devait «obtenir des progrès sur les droits de l'Homme en échange de la caution» politique qu'il offre ainsi au gouvernement chinois.

Même John McCain, candidat à la succession de M. Bush et républicain comme lui, et Barack Obama, candidat démocrate, estimaient au printemps qu'il fallait envisager un boycott de la cérémonie d'ouverture.

«Je ne considère pas les Jeux comme un événement politique. Je les considère comme un événement sportif», disait M. Bush en avril.

Sa porte-parole a indiqué jeudi qu'à la différence du président français Nicolas Sarkozy, M. Bush ne liait pas sa présence à la cérémonie aux progrès des discussions qui viennent de reprendre entre le gouvernement chinois et les représentants du dalaï lama, le chef spirituel tibétain.

«En même temps, tout comme il le fera cette semaine quand il rencontrera le président Hu, il lui parlera des questions importantes des droits de l'Homme, en particulier de liberté religieuse», a-t-elle dit.

M. Bush aura des entretiens bilatéraux avec le président chinois Hu Jintao le 9 juillet au Japon quand les deux hommes participeront au sommet des pays industrialisés.

Il aura de nouveau des discussions avec M. Hu et d'autres responsables lors de son séjour en Chine en août, et elles porteront sur de nombreux sujets, à commencer par la dénucléarisation de la Corée du Nord, dit le communiqué annonçant sa participation à la cérémonie.

Il n'évoque pas les droits de l'Homme. Mais M. Bush a dit à plusieurs reprises qu'il ne se priverait pas d'évoquer les sujets qui fâchent avec M. Hu quand il se rendrait aux Jeux.

Même si les États-Unis considèrent le Tibet comme faisant partie de la Chine, la question tibétaine est un sérieux contentieux dans les délicates relations entre les deux pays.

Le gouvernement chinois considère le dalaï lama comme un dangereux séparatiste, le gouvernement et le Congrès américains voient en lui un champion des libertés.

Après les troubles de mars au Tibet, l'administration Bush a joint sa voix à toutes celles qui engageaient vivement les autorités chinoises à renouer le dialogue avec les représentants du dalaï lama.

Sous la pression internationale, une entrevue «informelle» sino-tibétaine a eu lieu début mai dans le sud de la Chine, la première entre les deux parties en près d'un an. Les discussions ont repris mardi à Pékin.