Salim Hamdan, ancien chauffeur de ben Laden, a quitté mercredi pendant une heure la salle d'audience de son procès, à Guantanamo, pour protester contre la diffusion de deux vidéos de ses premiers interrogatoires, fin 2001, présentées par l'accusation.

«Quand je suis là, mes avocats peuvent parler, quand je ne suis pas là, ils ne peuvent pas», a déclaré M. Hamdan, interrogé par le président Kish J. Allred, juge militaire, sur les raisons de son départ.

Un de ses avocats a expliqué qu'il ne souhaitait «pas voir cette vidéo».

«Nous allons continuer à regarder cette vidéo parce que c'est une preuve», a insisté l'Amiral Allred, mais l'accusé est néanmoins sorti, encadré de deux militaires.

Au milieu de la diffusion de la deuxième vidéo, M. Hamdan a repris sa place entre ses avocats. Avant la fin de la vidéo, l'accusé a pris la parole demandant à la cour de l'«excuser» pour son comportement, lié à un désaccord avec un de ses avocats.

Un premier film, de piètre qualité, montre M. Hamdan avec une barbe fournie deux jours après son arrestation en Afghanistan en novembre 2001, à même le sol, les mains entravées et sous la surveillance d'un garde armé.

On voit l'accusé, poursuivi pour «complot» et «soutien matériel au terrorisme», répondre maladroitement à une avalanche de questions sur les objets qu'on a retrouvé dans la voiture qu'il conduisait, parmi lesquels deux missiles sol-air.

«Ce ne vous pose pas de problème d'avoir des missiles dans votre voiture?», demande l'interrogateur. «La voiture ne m'appartenait pas», «c'est la sienne, il les a mis là» et «il m'a dit qu'il ne devrait pas y avoir de problème avec ça», répond M. Hamdan.

Lors de cet échange, M. Hamdan élève régulièrement la voix sans paraître inquiet: «Vous ne me croyez pas, pourquoi mentirai-je? Je suis détenu maintenant, vous pouvez faire ce que vous voulez».

Dans une deuxième vidéo, à l'image également peu claire, d'un interrogatoire plus tardif, M. Hamdan est assis en tailleur les mains libres et se plaint d'une douleur à la cheville. Il a l'air épuisé, ses yeux se ferment régulièrement et son ton a changé. De réponses dynamiques et polies, on passe à des paroles très lentes, lasses mais parfois ironiques.

Pendant ce deuxième interrogatoire, à une date inconnue, M. Hamdan donne sans se faire prier le nom du propriétaire de la voiture et regarde son interlocuteur l'air effrayé.

Il ne bavarde plus pendant les blancs de l'interrogatoire mais baille longuement, voire s'assoupit, éclairé par un spot dirigé vers son visage.

C'est à ce moment que fuse une question: «où sont situés les bureaux d'Al-Qaeda à Kandahar (le berceau des Talibans)?», puis une autre: «où se trouve Mohammed Omar (le chef des talibans en fuite) à l'heure actuelle?».

«Je ne comprends pas votre question», «quel est le sens de votre question», répète l'accusé, avant de concéder avoir entendu dire que le mollah Mohammed Omar avait «une grande maison» ou qu'il avait entendu parler des camps d'entraînement d'Al-Qaeda sans jamais y mettre les pieds.