La décision d'envoyer d'importants renforts américains en Afghanistan reviendra au prochain président, en 2009, les moyens militaires des États-Unis étant pour l'heure concentrés en Irak, a déclaré mercredi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

«Les dirigeants travaillent pour déterminer s'ils peuvent satisfaire le plus tôt possible les demandes des commandants» en Afghanistan, qui réclament trois brigades supplémentaires soit environ 10 000 hommes, a-t-il rappelé lors d'une conférence de presse.

«Ce pays s'est engagé à fournir des troupes supplémentaires pour l'Afghanistan l'an prochain, mais il reviendra à la prochaine administration de dire s'il s'agira de trois brigades supplémentaires», a-t-il ajouté.

«S'il était possible de le faire cette année, nous chercherions à le faire» mais «nous n'avons pas les moyens d'envoyer trois brigades de combat en Afghanistan immédiatement», a-t-il reconnu.

«Nos forces armées sont sollicitées sur plusieurs fronts» et «l'envoi de trois brigades exigerait un retrait plus poussé d'Irak», où sont basés quelque 148 000 soldats américains, contre 35 000 en Afghanistan, a-t-il fait valoir.

«À court terme, nous cherchons à voir ce qui peut être fait avant (2009) pour aider les troupes» en Afghanistan, mais «nous devons faire ce que nous faisons en Irak, en Afghanistan nous faisons ce que nous pouvons», a conclu M. Morrell.

Ces commentaires sonnaient comme une mise au point après les propos mi-juillet du secrétaire américain à la défense Robert Gates selon lesquels «le plus tôt serait le mieux» pour envoyer des renforts en Afghanistan, confronté à un regain de violences.

Le président Bush devait rencontrer mercredi au Pentagone M. Gates et les chefs militaires américains.

Alors que la situation en Irak s'est améliorée ces derniers mois sur le plan de la sécurité, l'Afghanistan est devenu un sujet chaud de la campagne présidentielle américaine, et l'envoi de deux à trois brigades en renfort fait l'objet d'un consensus rare entre les deux candidats, le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama.

M. Obama, en visite à Kaboul dimanche, a en outre estimé que l'augmentation des troupes en Afghanistan devait se faire «maintenant», sans attendre la nouvelle administration qui sortira de la présidentielle de novembre.

«Nous devons comprendre que la situation en Afghanistan est précaire» et appelle une réaction «urgente», et ce pays doit être «l'objectif principal» des États-Unis, «le front central de notre bataille contre le terrorisme», a répété le sénateur, qui plaide pour un retrait rapide d'Irak.

Le sénateur McCain défend quant à lui la présence américaine en Irak et promet de gagner sur les deux fronts.

Le Pentagone a réaffirmé mercredi que la priorité du président George W. Bush restait l'Irak pour l'instant.

«Cette administration reste concentrée sur la victoire en Irak, c'est la guerre sur laquelle nous nous concentrons, c'est la guerre que nous sommes en train de gagner», a assuré M. Morrell.