Le gouvernement indien a obtenu mardi la confiance au parlement lors d'un vote provoqué par l'hostilité de quatre partis de gauche à l'accord sur le nucléaire civil conclu par l'Inde et les États-Unis.

A l'issue d'une session extraordinaire marquée par de violentes accusations de l'opposition contre le gouvernement et un moment d'incertitude sur le résultat du vote, le président du parlement, Somnath Chatterjee, a confirmé la victoire du gouvernement du premier ministre Manmohan Singh.

275 députés ont voté pour la confiance et 256 ont voté contre, a déclaré M. Chatterjee. Certains votes ont dû être comptés manuellement car ils n'avaient apparemment pas été enregistrés correctement par le système de vote électronique.

M. Chatterjee n'a pas indiqué le nombre des abstentions. Initialement, les résultats du vote électronique, transmis par la chaîne de télévision du parlement, donnaient 253 députés pour la confiance, 232 contre et deux abstentions.

Après l'annonce du résultat, des membres du gouvernement ont félicité Manmohan Singh, souriant, et le chef du Parti du Congrès au pouvoir, Sonia Gandhi.

Le scrutin a eu lieu après une grande confusion causée par des allégations de l'opposition selon lesquelles le gouvernement aurait corrompu des députés pour influer sur le vote, accusations que la majorité a rejetées.

Le vote de confiance avait été organisé en raison de la décision du parti communiste et de trois partis d'extrême gauche de mettre fin au soutien parlementaire qu'ils accordaient jusque là au gouvernement de coalition de Manmohan Singh.

Ces partis, qui disposent de 59 des 545 sièges au Parlement, avaient annoncé le retrait de leur soutien le 8 juillet, pour manifester leur hostilité à l'accord sur le nucléaire civil conclu par New Delhi et Washington.

Ces formations et le principal parti de l'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), estiment que l'accord lie trop étroitement l'Inde aux États-Unis et qu'il risque de compromettre le programme nucléaire militaire indien.

Au cours des débats, des responsables du gouvernement ont déclaré que l'Inde, un pays de 1,1 milliard d'habitants, avait absolument besoin du nucléaire pour satisfaire ses besoins croissants en énergie.

Les débats ont tourné au chaos lorsque des députés de l'opposition ont brandi de grandes quantités de billets de banque qui leur auraient été donnés, selon eux, pour acheter leurs votes.

«Au cours des trois ou quatre derniers jours, il y a eu des pressions sur nos parlementaires pour qu'ils acceptent de l'argent et s'abstiennent ou votent pour le gouvernement, et cela a été fait par le (Parti du) Congrès et ses partisans», a dit le président du BJP, Rajnath Singh.

«Maintenant que cela a été découvert, le premier ministre de ce pays doit démissionner. Ce scandale a abaissé la dignité de notre parlement», a déclaré Rajnat Singh.

Il a assuré que son parti avait des preuves sur vidéo de la remise de sommes d'argent. «Jamais dans l'histoire de notre parlement un scandale aussi honteux et révoltant ne s'est produit», a-t-il déclaré.

Un député du BJP, Ashok Argal, a interrompu le débat en exhibant des sacs bourrés de billets de banque, 30 millions de roupies (715.000 dollars) selon lui. Il a affirmé que cet argent lui avait été donné afin qu'il s'abstienne lors du vote de confiance. Deux autres députés du BJP ont émis des accusations identiques.

Un porte-parole du Parti du Congrès, Rajeev Shukla, a rejeté les allégations du BJP. «Quelles sont les preuves qui montrent que le Congrès a donné cet argent ?», a-t-il déclaré.

Selon des responsables, M. Chatterjee a demandé à la police d'ouvrir une enquête sur l'accusation de corruption portée par l'opposition.