L'aide aux sinistrés du cyclone Nargis et la reconstruction coûteront un milliard de dollars, ont estimé lundi l'ONU et l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dressant encore un tableau de désolation en Birmanie près de trois mois après la catastrophe.

«Les besoins, qui sont estimés à un peu plus d'un milliard de dollars (630 millions d'euros, NDLR) sur les trois prochaines années, incluent les priorités les plus urgentes comme la nourriture, l'agriculture, le logement, les services de base, mais aussi une aide aux communautés pour les aider à restaurer leurs moyens de subsistance», ont-elles déclaré dans un communiqué.

La Birmanie s'était attiré une avalanche de critiques pour avoir bloqué l'aide internationale à ses portes après le passage début mai de ce cyclone dévastateur, qui a fait 138 000 morts ou disparus.

La junte au pouvoir avait fini par laisser l'Asean coordonner les travaux des humanitaires étrangers. Et, avec les Nations unies, le bloc du sud-est asiatique publiait ce lundi à Singapour un rapport d'évaluation de la situation à l'occasion de la réunion annuelle de ses ministres des affaires étrangères.

«Même si d'importants progrès ont été faits à cette date, nous sommes toujours dans la phase de secours de cette opération d'aide», a déclaré John Holmes, sous-secrétaire général de l'ONU chargé des questions humanitaires, cité dans le communiqué.

Selon le rapport, le cyclone et ses conséquences ont détruit ou endommagé 800 000 maisons, 75% des équipements sanitaires et environ 4000 écoles dans les zones affectées.

La catastrophe a «balayé les moyens de subsistance de familles entières en une nuit, inondant plus de 600.000 hectares de terres agricoles, tuant jusqu'à 50% des animaux de trait, détruisant les bateaux de pêche et balayant les stocks de nourriture et outils agricoles», ont poursuivi l'ONU et l'Asean.

A la mi-juin, 55% des foyers disaient n'avoir plus qu'un jour, ou même moins, de stock de nourriture à disposition, ont-elles encore ajouté.

La Birmanie, aussi critiquée sur la question des droits de l'Homme par ses partenaires de l'Asean, a dominé le début de cette réunion ministérielle.

Dans un communiqué lundi, les chefs de la diplomatie de l'organisation ont appelé la junte à prendre «des mesures audacieuses» et notamment travailler à la tenue d'élections libres d'ici à 2010 et libérer «tous les prisonniers politiques, dont Aung San Suu Kyi».

Ils n'ont en revanche pas inclus la «profonde déception» exprimée la veille dans un dîner informel au sujet de la prorogation de l'assignation à résidence de la lauréate du Prix Nobel de la Paix.

Mais le point d'orgue du rassemblement de Singapour est attendu en milieu de semaine, quand les 10 de l'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) auront été rejoints par les 17 autres pays du Forum asiatique sur la sécurité (ARF).

En marge du Forum est prévue une réunion certes informelle mais inédite depuis que les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord ont commencé en 2003 entre les deux Corées, la Chine, la Russie, le Japon et les États-Unis, tous membres de l'ARF.

La secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, devrait ainsi s'entretenir directement avec ses cinq homologues, dont le chef de la diplomatie nord-coréenne Pak Ui-Chun. Et lundi matin, elle a promis «un message très fort» à la Corée du Nord sur ses obligations en termes de désarmement.

Les négociations entre ces six pays visent à convaincre le régime communiste de Pyongyang de renoncer à toute activité nucléaire en échange d'une aide énergétique et d'une normalisation de ses relations avec Washington.