La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice se fera rendre compte des discussions sur le nucléaire iranien lors d'une étape aux Émirats arabes unis (EAU) avant une tournée en Asie et dans le Pacifique la semaine prochaine, a annoncé jeudi le département d'État.

Au cours d'une visite à Abou Dhabi pour des entretiens avec les dirigeants des Émirats, elle retrouvera le numéro trois du département d'État, William Burns, qui lui rendra compte de la séance de discussions à laquelle il aura participé samedi à Genève avec notamment le négociateur iranien sur le nucléaire, Saïd Jalili.

«Ce sera l'occasion pour lui de l'informer en personne», a indiqué le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack.

La participation de M. Burns aux entretiens entre le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, des diplomates d'Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie, et le négociateur iranien, marque un net tournant de la politique américaine envers l'Iran même s'il a officiellement reçu pour consigne d'«écouter», pas de «négocier».

M. McCormack a qualifié cette participation de «nouvelle tactique» pour inciter Téhéran à accepter l'offre internationale de cesser l'enrichissement d'uranium en échange de contreparties, notamment économiques.

Mme Rice, qui doit quitter Washington dimanche, a déclaré jeudi que les États-Unis soutenaient «fermement» les efforts diplomatiques visant à mettre un terme aux activités nucléaires iraniennes suspectes, mais qu'elle ignorait si Téhéran réagirait positivement.

M. McCormack a refusé par ailleurs de confirmer ou démentir des informations évoquant la possible ouverture d'une section diplomatique américaine en Iran. Il a simplement affirmé qu'il n'y aurait «pas de discussions à ce sujet à la rencontre de samedi».

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a indiqué jeudi à Damas que son pays étudiait un plan américain en ce sens.

«La demande des États-Unis a été faite via les média d'une manière non officielle», a précisé le ministre.

Le quotidien britannique The Guardian a rapporté jeudi que les États-Unis annonceraient le mois prochain un plan pour établir une présence diplomatique en Iran.

À Abou Dhabi, Mme Rice aura des entretiens avec notamment son homologue Abdallah ben Zayed Al-Nahyane et peut-être les chefs de la diplomatie d'autres pays de la région, a indiqué M. McCormack.

Le président américain George W. Bush avait appelé la semaine dernière son homologue émirati, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, pour le remercier de l'annulation de la dette irakienne et la décision de rouvrir une ambassade à Bagdad. Mme Rice devrait également rencontrer cheikh Khalifa, a précisé M. McCormack.

Les États-Unis demandent à leurs alliés sunnites au Proche-Orient de tendre la main à l'Irak et de renforcer leurs liens avec le gouvernement à Bagdad, majoritairement chiite.

M. McCormack a précisé qu'il ne prévoyait pas que cette étape soit pour Mme Rice l'occasion d'une rencontre avec le ministre irakien Hoshyar Zebari.

Mme Rice doit ensuite se rendre à Singapour pour une réunion de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) les 23-24 juillet, avant d'aller à Perth (Australie), Auckland (Nouvelle-Zélande), Apia (Samoa) et Hawaii.