Un député afghan a été abattu dans la nuit de vendredi à samedi par des hommes armés, dans la province de Kandahar, un bastion des talibans dans le sud du pays, a-t-on appris de sources officielles.

«Habibullah Jan a été abattu par des hommes armés non identifiés alors qu'il rentrait chez lui», a déclaré à l'AFP Niaz Mohammad Sarhadi, gouverneur du district de Zharai, où l'assassinat a eu lieu, dans la province de Kandahar.

Deux hommes armés ont ouvert le feu alors que le député se trouvait dans sa voiture, vers 22H00 (13H30 heure de Montréal), a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

L'attaque n'a pas encore été revendiquée.

Le président Hamid Karzaï a vivement condamné cet assassinat.

«Les ennemis du peuple afghan ont tué un nouveau fils de notre nation, pour tenter de la réduire au silence. Mais ils doivent comprendre que de tels actes contraires à l'Islam ne pourront empêcher de parvenir à la paix dans le pays», a affirmé le président dans un communiqué.

L'expression «ennemis du peuple afghan» fait référence aux talibans, mais ceux-ci ont nié toute responsabilité par l'intermédiaire d'un porte-parole, Yousouf Ahmadi, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

Ancien commandant d'un groupe de moujahidine durant la lutte contre l'occupation soviétique (1979-1989), Habibullah Jan, âgé d'une cinquantaine d'années, dirigeait la tribu pachtoune des Alizaï, bien implantée au sud de Kandahar.

Kandahar est le berceau des talibans et l'un de leurs bastions. La ville a été le théâtre le 13 juin d'une des opérations les plus spectaculaires des insurgés, dont un commando a pris d'assaut la prison de Sarposa, libérant près d'un millier de détenus, dont près de 400 talibans.

Habibullah Jan est le dixième député afghan assassiné depuis les élections législatives de 2005. Six d'entre eux avaient notamment péri dans un attentat suicide, non revendiqué, qui avait fait 79 morts le 6 novembre 2007, dans la province de Baghlan, dans le nord du pays.

Un autre avait été tué lors d'une attaque visant le président afghan Hamid Karzaï le 27 avril 2008, pendant un défilé militaire à Kaboul, revendiquée par les talibans.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain