Le ministère américain de la Défense a prolongé d'un mois la mission de 2200 Marines envoyés en renfort en Afghanistan depuis janvier 2008, après avoir affirmé pendant des mois que leur déploiement se terminerait en octobre.

Les hommes du 24e Corps expéditionnaire de Marines, engagés dans des opérations de combat dans la province de Helmand (sud), resteront un mois de plus et ne rentreront qu'en novembre, a confirmé jeudi un porte-parole des Marines. Cette prolongation demandée par les forces de l'OTAN en Afghanistan a

été approuvée par le ministre américain de la Défense Robert Gates.

Elle intervient dans un contexte d'intensification des violences en Afghanistan, où le Pentagone se montre pessimiste sur l'évolution de la situation. D'après un rapport rendu public vendredi dernier par le ministère, les talibans chassés du pouvoir il y a près de sept ans se sont depuis regroupés. Les combattants islamistes vont probablement «maintenir et même intensifier en 2008 le rythme et l'ampleur de leurs attaques et attentats».

Le rapport décrit une double menace en Afghanistan, avec les talibans au sud et une «insurrection plus complexe, qui s'adapte» à l'est. Elle regroupe aussi bien des éléments d'Al-Qaïda que des mouvements extrémistes comme le Hezb-i-Islami du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar ou le Jaish-e-Mohammed, basé au Pakistan voisin.

L'insurrection, prédit le rapport, va se poursuivre au sud et à l'est, et pourrait s'étendre au nord et à l'ouest du pays. Le Pentagone, parallèlement, est inquiet sur les efforts en cours pour équiper et entraîner les forces de sécurité afghanes.

Quelque 52 000 soldats de 40 pays participent à la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN tandis qu'environ 20.000 autres sont regroupés dans une coalition internationale sous commandement américain. Les commandants sur place évaluent à au moins 7.500 hommes les renforts nécessaires pour contrer l'insurrection.

Le Pentagone a cependant fait savoir que la situation en Irak empêche pour le moment l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, où le mois de juin a été le plus meurtrier pour les forces américaines depuis le début du conflit fin 2001, avec plusieurs dizaines de tués.

«Les talibans et leurs partisans, sans conteste, sont devenus plus efficace et agressifs au cours des dernières semaines (...) comme le montre clairement le bilan des victimes», a reconnu mercredi l'amiral Mike Mullen, chef-d'état major interarmes américain.

«C'est un problème très complexe, lié au trafic de drogue, à une économie vacillante et, comme je l'ai dit de nombreuses fois, à la porosité de la région frontalière avec le Pakistan. Il n'y a pas de solution facile, et cela ne s'arrangera pas rapidement», a-t-il ajouté