Premier à avoir réclamé l'envoi de renforts en Irak, le candidat républicain à la Maison-Blanche John McCain pourrait être le dernier à se rallier à l'idée d'un calendrier de retrait des soldats américains au risque d'apparaître comme un jusqu'au-boutiste.

Son adversaire démocrate Barack Obama a quitté mardi l'Irak, partageant avec le premier ministre Nouri al-Maliki une vision commune d'un retrait américain pour 2010.

Apparaissant isolé, John McCain fait face à un dilemme. Soit il reprend à son compte l'idée d'un calendrier de retrait des troupes au risque de perdre l'un de ses principaux arguments contre son adversaire, soit il reste arc-bouté sur sa position intransigeante: pas de retrait avant la «victoire» au risque d'apparaître comme manquant de pragmatisme.

Aucune solution ne semble satisfaisante pour le sénateur de l'Arizona, estimait mardi la presse américaine. Dans deux analyses séparées, le New York Times et le Washington Post sont arrivés à la même conclusion. La position du premier ministre irakien a non seulement donné à M. Obama «une certaine crédibilité en tant que leader mondial», estime ainsi le New York Times mais, ajoute le quotidien, cela a également «miné l'argument principal de M. McCain contre lui, à savoir qu'un calendrier de retrait constituerait une capitulation et exposerait les Irakiens à une situation dangereuse».

M. McCain a évidemment été interrogé pour savoir s'il jugeait un retrait total des forces américaines en Irak envisageable dans les deux ans. «Je pense qu'elles pourraient être largement réduites», a concédé le sénateur de l'Arizona.

Mais, a-t-il ajouté, «comme nous le savons tous, cela doit être fondé sur la situation sur le terrain».

«Lorsqu'on gagne une guerre, les troupes rentrent à la maison. Et nous gagnons», a-t-il dit. Il y a quelques semaines, M. McCain avait envisagé une victoire en Irak à l'horizon 2013. Le sénateur de l'Arizona demeure favorable au maintien de bases américaines en Irak pour une durée indéterminée.

Selon Joe Klein, un des responsables du service politique du magazine Time, M. McCain «avait raison pour l'envoi de renforts mais c'est un concept trop petit et compliqué pour la plupart des Américains». A l'inverse, «+Maliki approuve le plan de retrait d'Obama+ est un titre que tout le monde comprend», souligne M. Klein sur son blog.

M. McCain doit également faire face à l'évolution de l'administration Bush sur cette question. Washington et Bagdad se sont accordés pour déterminer un «horizon temporel général pour atteindre des objectifs» tels que la réduction des troupes. La position de McCain «consistant à refuser un 'horizon temporel' est maintenant non seulement différente de celle de son rival démocrate, mais aussi de celle de la Maison-Blanche et du premier ministre irakien», souligne le magazine Politico.

«C'est un coup terrible qui vient d'être porté au camp McCain. Non seulement Maliki approuve les propositions de M. Obama mais Bush également», a estimé Richard Holbrooke, ancien ambassadeur américain aux Nations unies sous la présidence de Bill Clinton.

Interrogé mardi pour savoir si l'équipe du sénateur McCain était embarrassée par la nouvelle attitude de l'administration Bush (qui a par ailleurs autorisé un haut responsable du département d'État à participer à des négociations directes avec l'Iran), Randy Scheunemann, principal conseiller diplomatique de M. McCain, a répondu «pas du tout».

«Le sénateur Obama a décidé, il y a des mois, que 16 mois étaient le délai au cours duquel tous nos soldats devaient partir d'Irak. Pas 12 mois, 14 ou 18 mais 16. C'est une date artificielle qui ignore complètement les conditions sur le terrain (...) Le sénateur McCain croit fermement que nous ne pouvons pas mettre en péril les gains accomplis avec un calendrier», a dit M. Scheunemann.