L'Abkhazie, région séparatiste en proie depuis le 29 juin à des explosions dans des lieux publics, a décidé lundi de geler tous les contacts avec la Géorgie, qu'elle accuse de «terrorisme d'État», quelques jours après des violences en Ossétie du Sud, autre territoire indépendantiste.

«L'Abkhazie interrompt tous les contacts avec la Géorgie en raison de la politique de terrorisme d'État de Tbilissi», a déclaré le président abkhaze Sergueï Bagapch, qui s'exprimait dans la région de Gali.

Une explosion s'y est produite dimanche soir dans un café, faisant quatre morts et six blessés.

Toutefois, il n'y avait pas jusqu'à présent d'importants contacts bilatéraux et l'impact concret de cette mesure doit donc être relativisé.

«Les actes de terrorisme à Gagra, Soukhoumi et Gali sont les maillons d'une même chaîne et nous ne pouvons pas ne pas réagir à cela», s'est exclamé Sergueï Bagapch en présence de journalistes.

Une série d'explosions à Gagra, une station balnéaire abkhaze sur la mer Noire, à Soukhoumi, la capitale, et dans la région de Gali ont fait au total quatre morts et une vingtaine de blessés en un peu plus d'une semaine.

Sergueï Bagapch a en outre annoncé que la sécurité serait renforcée à la frontière avec la Géorgie, fermée par les autorités abkhazes depuis mardi.

Le ministère abkhaze des Affaires étrangères a demandé aux dirigeants du G8, actuellement réunis au Japon, au Conseil de sécurité de l'ONU et à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de «prendre des mesures adéquates pour mettre fin à la menace terroriste provenant de Géorgie», dans un communiqué diffusé lundi.

Quant à l'Union européenne, elle «appelle la Russie à jouer un rôle positif, un rôle actif pour permettre un dialogue direct entre les parties et elle reconnaît absolument le rôle indispensable de la Russie à cet égard», a dit lundi l'ambassadeur de France à Moscou, Stanislas de Laboulaye, dont le pays préside l'UE depuis le 1er juillet.

Le président russe Dmitri Medvedev avait jugé samedi «inadmissible d'attiser les tensions» autour des régions séparatistes de la Géorgie et exhorté à l'ouverture de négociations.

Malgré la récente série d'explosions, la situation était «assez calme en Abkhazie» lundi après-midi, la circulation automobile était normale à Soukhoumi, les gens vaquaient «comme d'habitude à leurs affaires», a raconté la correspondante de l'AFP sur place.

Les touristes russes et originaires d'autres pays de l'ex-URSS, qui prisent particulièrement les stations balnéaires de la région, sont présents en nombre et seules les plages étaient désertées en raison d'un temps pluvieux.

Soutenue par la Russie, l'Abkhazie, une étroite bande de terre bordée par la mer Noire, est de facto indépendante depuis une guerre avec la Géorgie en 1992 qui a fait des milliers de morts et a contraint des centaines de milliers de personnes à fuir.

L'Ossétie du Sud, autre territoire séparatiste géorgien, avait, de son côté, été le théâtre en fin de semaine dernière de nouvelles violences, dont les autorités locales avaient accusé Tbilissi d'être responsable.

Le gouvernement ossète avait affirmé que les forces géorgiennes avaient déclenché dans la nuit de jeudi à vendredi une vaste attaque venant de trois directions contre l'Ossétie du Sud, faisant usage de mortiers, de lance-grenades et d'armes légères. Un bilan officiel avait fait état de deux morts.

Par ailleurs, la ville ossète d'Ubiat a subi dans la nuit de samedi à dimanche des tirs d'armes automatiques et de grenades provenant du territoire géorgien, affirme Soukhoumi.

La tension monte dans les deux régions rebelles depuis la décision de la Russie, en avril, de renforcer ses liens avec elles.

Tbilissi accuse Moscou de chercher à les annexer, et l'ambition de la Géorgie de rejoindre l'OTAN, qui exaspère les Russes, joue un rôle sous-jacent dans cette crise.