Plusieurs syndicats français ont exprimé dimanche leur colère au lendemain de déclarations de Nicolas Sarkozy sur le faible impact des grèves, jugeant que le président «joue avec le feu».

M. Sarkozy a affirmé samedi, au cours d'un Conseil national de son parti, l'UMP, que «la France changeait beaucoup plus vite, beaucoup plus profondément qu'on ne le croyait», faisant valoir notamment que «désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit».

«Le président de la République joue avec le feu parce que si désormais pour faire entendre des revendications collectives, les usagers doivent user de moyens d'actions qui gênent les autres, on risque d'entrer dans une spirale dangereuse pour notre pays», a déclaré à l'AFP l'une des secrétaires confédérales de la CGT, principal syndicat en France, Maryse Dumas.

Les propos du chef de l'État «sont méprisants pour les salariés exerçant dans les services publics et essayant de faire entendre leurs revendications en provoquant le moins de gêne possible pour les usagers», a-t-elle ajouté.

Le président de la CFTC, Jacques Voisin, a jugé que «les propos très politiques» de Nicolas Sarkozy sur les grèves risquaient d'«attiser les conflits», au moment où les syndicats font, selon lui, preuve d'une «attitude très responsable» pour les éviter.

«Les conflits ont peut-être moins de conséquences sur les usagers, notamment des transports, et sur l'activité générale du pays, mais dire les choses ainsi, c'est exagérer et cela ne peut qu'appeler des réactions vives», a-t-il dit.

Le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a lui estimé que M. Sarkozy avait eu «un mot de trop» et devrait être «plus prudent», soulignant l'existence d'un «réel mécontentement des salariés» sur plusieurs sujets.

Ces propos visaient à «rassurer» les partenaires européens de la France, dont la réputation d'être un «pays souvent en grève» est «un peu dépassée», a estimé dimanche le ministre de l'Education Xavier Darcos sur la radio France Inter.

«C'était une manière de rassurer nos partenaires en présence des plus éminents d'entre eux au moment où notre président prenait ses fonctions de président de l'Union européenne», a déclaré M. Darcos.

Peu après son arrivée au pouvoir, il y a plus d'un an, Nicolas Sarkozy a fait voter une loi instaurant un service minimum dans les transports publics en cas de grève.