John McCain et Barack Obama vont tenter cette semaine de courtiser les électeurs hispaniques, un groupe devenu incontournable dans la vie politique américaine. Il devrait jouer un rôle prépondérant dans les «swing states», ces États à l'électorat indécis les plus susceptibles de basculer dans l'escarcelle de l'un ou l'autre des candidats à la présidentielle.

Dès mardi à Washington, John McCain le républicain et Barack Obama le démocrate vont chacun prononcer un discours à la convention nationale de la Ligue des Citoyens latino-américains unis (LULAC). Samedi, ils se rendront à l'autre bout du pays, à San Diego, pour la réunion du Conseil national de La Race (National Council of La Raza).

Auparavant, en juin dernier, les sénateurs de l'Illinois et de l'Arizona avaient pris part à la réunion de l'Association nationale des élus latinos.

Ces trois apparitions des deux candidats à la Maison-Blanche en moins d'un mois à des événements de la communauté hispanique viennent encore souligner l'importance qu'a prise le vote hispanique à quelque quatre mois de la présidentielle. Considérés pendant longtemps comme faisant partie de la base de l'électorat démocrate, les hispano-américains sont devenus beaucoup moins catégoriques dans leur choix.

Ainsi, dans le Colorado, le Nevada, le Nouveau-Mexique et la Floride -quatre «swing states» où l'électorat hispanique est conséquent- le président sortant George W. Bush l'avait emporté de justesse lors du scrutin de 2004. Mais ces quatre États, repris par les démocrates lors des élections de mi-mandat en 2006, risquent d'être beaucoup plus disputés le 4 novembre prochain.

Bien que George Bush ait réussi à courtiser l'électorat hispanique dans chacune de ses deux élections, nombre d'hispano-américains sont retournés vers les démocrates en 2006, notamment en raison des prises de position de nombreux républicains contre l'immigration clandestine. Lors des élections de mi-mandat, les démocrates ont repris le contrôle des deux chambres du Congrès.

Pour John McCain, l'exercice risque de tourner en numéro de funambule. Alors qu'il a été l'un des avocats les plus en pointe d'une mesure qui aurait ouvert la voie à des naturalisations massives de clandestins, le sénateur de l'Arizona doit aussi ne pas désespérer son électorat conservateur qui considère cette mesure comme une amnistie pour les immigrants clandestins.

La prise de position de M. McCain avait failli lui coûter l'investiture républicaine et l'avait obligé à tourner casaque en soulignant qu'il fallait d'abord sécuriser les frontières avant de décider d'autres réformes en matière d'immigration. il continue toutefois de soutenir que ces dernières sont nécessaires.

Ce projet de loi, qui était également soutenu par Barack Obama, a été retiré sur fond de vives critiques.

Le sénateur de l'Illinois, qui tente de devenir le premier président noir de l'histoire des États-Unis, espère, lui, reconquérir les très nombreux hispaniques qui lui ont préféré sa rivale démocrate Hillary Rodham Clinton lors des primaires, la sénatrice de New York recueillant plus de 60% des hispaniques.