Au moins 14 policiers et un civil ont été tués dimanche dans la capitale pakistanaise Islamabad dans un attentat suicide à l'issue d'une manifestation d'islamistes qui commémoraient le 1er anniversaire de l'assaut meurtrier contre la Mosquée rouge par les forces de sécurité.

Le kamikaze, un jeune homme à pied, selon un officier de police, visait en plein centre ville un contingent de policiers qui assuraient la sécurité alors que se dispersait la manifestation pacifique de milliers de personnes.

Celles-ci étaient venues commémorer, devant la Mosquée rouge, l'assaut meurtrier donné il y a un an par l'armée lorsque des centaines de militants fondamentalistes s'y étaient retranchés lourdement armés.

Quatorze policiers et un civil ont été tués dans l'attentat, ont indiqué à l'AFP un haut responsable de la police et un autre des forces de sécurité. Le gouvernement, lui, n'avait fourni, en fin de soirée, qu'un bilan de 12 policiers tués.

Une vingtaine d'autres personnes ont été blessées, selon la police.

Le Pakistan vit une vague sans précédent d'attentats -suicide pour la plupart- qui a fait plus de 1100 morts en un peu plus d'un an et qui s'était considérablement intensifiée depuis l'assaut sanglant de la Mosquée rouge. Une centaine de personnes, dont des femmes, retranchées dans le lieu de culte assiégé à partir du 3 juillet 2007, avaient péri dans l'assaut mené les 10 et 11 juillet par l'armée et la police.

Al-Qaeda, par la voix de son leader Oussama Ben Laden et son second, Ayman Al-Zawahiri, mais aussi les talibans pakistanais, avaient juré de venger ces «martyrs» et décrété le «jihad» contre le régime du président Pervez Musharraf et son armée.

La grande majorité des attentats ont visé, depuis, les policiers et l'armée, mais n'ont pas épargné les civils.

Le pays vivait cependant une accalmie relative depuis les législatives du 18 février, qui avaient vu une victoire écrasante de l'opposition au président Musharraf, et à la faveur de négociations de paix du nouveau gouvernement avec les talibans pakistanais dans les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan.

Mais ces négociations sont fortement critiquées par Washington, dont le Pakistan est l'allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme». Car les États-Unis estiment que les talibans afghans et Al-Qaeda ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales et qu'un accord de paix favoriserait leur expansion.

Des milliers de manifestants réputés proches des talibans et d'Al-Qaïda avaient manifesté dès dimanche matin devant la Mosquée rouge. Ils scandaient des slogans rendant hommage aux «martyrs» d'il y a un an et réclamaient la pendaison de M. Musharraf.

Un impressionnant dispositif de sécurité avait été déployé autour de la mosquée, inaccessible en voiture, avec des fils barbelés et la fouille des piétons.

Quinze minutes après l'appel à la dispersion du rassemblement par ses organisateurs, un contingent de policiers canalisait la foule à une centaine de mètres du lieu de culte quand un «kamikaze à pied», a fait exploser l'engin qu'il portait sur lui, a expliqué à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité, sous couvert de l'anonymat.

Un photographe de l'AFP a vu plusieurs policiers en uniforme étendus à terre, dont certains horriblement mutilés.

«Nous étions en train de jouer au cricket dans un parc juste à côté quand une explosion assourdissante a retenti», a raconté à l'AFP Shaqeel Ahmed. «Il y avait des policiers étendus à terre, nous en avons conduit à l'hôpital mais ils étaient déjà morts», ajoutait ce témoin.