L'ex-otage de la guérilla colombienne des Farc, Ingrid Betancourt, a annoncé dimanche, devant la presse à Vienne, qu'elle allait observer une retraite d'au moins six mois l'année prochaine notamment pour écrire un livre sur ces années de détention dans la jungle de Colombie.

«Je vais faire une retraite à partir du début de l'année prochaine probablement jusqu'en septembre ou octobre (...) car je pense que le temps est venu de faire autre chose» notamment «de témoigner de ce que j'ai vécu, de partager avec les gens mes pensées et mes émotions», a-t-elle indiqué, fortement émue, devant les journalistes à l'occasion de la remise du trophée «Femme de l'année 2008» par l'organisation World Awards.

Cette organisation, présidée par l'ancien chef de l'État soviétique Mikhaïl Gorbatchev, veut ainsi récompenser l'ancienne candidate écologiste à l'élection présidentielle colombienne en 2002 pour «son engagement pour la liberté, la tolérance et la démocratie».

Ingrid Betancourt a précisé qu'elle souhaitait «s'isoler», avec sa mère, «pendant au moins six mois pour être capable d'écrire les choses qui sont devenues très importantes pour moi».

Profitant de sa venue à Vienne pour la remise de ce prix, l'ex-otage des Farc, libérée le 2 juillet dernier grâce à une opération militaire dans la jungle colombienne sans faire de victimes, devait rencontrer dans l'après-midi une autre ex-otage, la jeune Autrichienne Natascha Kampusch.

Celle-ci avait été enlevée à l'âge de 10 ans sur le chemin de l'école par un homme qui l'a séquestrée 8 ans dans un réduit aménagé de sa maison de la banlieue de Vienne. Natascha avait réussi le 26 août 2006 à s'évader seule. Son ravisseur s'était suicidé le soir-même.

«Je vais rencontrer quelqu'un qui est proche de mon coeur, ce sera important pour chacune de nous de pouvoir parler tranquillement de certaine choses», a souligné Mme Betancourt.

«Je sais qu'elle n'a pas été capable de dire ce qui lui est arrivé», a encore indiqué Mme Betancourt faisant allusion à la discrétion de la jeune femme sur ses relations avec son ravisseur durant les huit années de séquestration.

Evoquant un autre drame de la séquestration, celui de la famille de l'inceste de Josef Fritzl à Amstetten qui a séquestré et violé sa fille pendant 24 ans, liaisons dont sont nés sept enfants, Mme Bétancourt a souligné qu'elle ne les verrait pas pour des raisons d'organisation mais qu'elle «comprenait» ce qu'ils ont vécu.

Pendant sa retraite de la vie publique l'année prochaine, Mme Betancourt compte sur une fondation, en voie d'être créée légalement, pour poursuivre le combat pour la libération des «3 000 personnes toujours retenues en otage en Colombie».

Elle a rappelé que l'une des principales craintes des otages «est celle d'être oublié»: «l'un de mes camarades de détention, libéré par la suite, a dit un jour que nous avons été enlevés par les Farc et par le silence de notre pays».