Les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pris par le Canada dans le cadre de l'accord de Paris ne sont pas réalisables sans un coup d'arrêt à la production de pétrole, une hypothèse non envisagée, selon un rapport du Sénat publié mardi.

Les émissions de GES du secteur pétrolier et gazier, soit le quart des émissions totales au Canada, sont trop importantes pour être compensées par une simple augmentation de la production d'énergies alternatives comme l'hydroélectricité, l'éolien ou le solaire, selon ce rapport sénatorial sur le secteur électrique.

La baisse du volume de GES dans l'hypothèse où «toutes les voitures et tous les camions, les avions, les trains et les bateaux cesseraient immédiatement d'émettre» serait insuffisante pour atteindre la cible de réduction de 30% des émissions à l'horizon 2030, prise à la conférence climat de Paris.

Pour respecter son engagement sur le changement climatique, le Canada devrait émettre 523 mégatonnes en 2030 contre 732 mégatonnes en 2014. Selon les projections du Sénat, les émissions vont au contraire grimper à 742 mégatonnes en 2030.

«La réalisation de l'objectif fixé pour 2030 nécessitera un virage colossal des modes de production et des habitudes de consommation de l'énergie au Canada», selon le rapport.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau avait imposé une taxe carbone en janvier en raison de la nécessité pour le Canada de rompre la «dépendance aux énergies fossiles». Néanmoins, pour soutenir la croissance économique, il a en parallèle approuvé deux oléoducs pour sortir un peu plus de pétrole des champs de sables bitumineux de l'Alberta.

Le Canada est le sixième producteur de pétrole dans le monde et son secteur énergétique contribue à 10% de son PIB.

Le rapport du Sénat pointe aussi le risque pour le Canada d'une défection des États-Unis à l'accord de Paris.

«Si les États-Unis reviennent sur leurs objectifs de réduction d'émissions et sur l'accord de Paris, cela mettra à rude épreuve les efforts de coopération mondiale dans la lutte contre le changement climatique», écrivent les sénateurs. Si ce risque se concrétise, alors «il sera encore plus difficile» pour le Canada comme pour les autres pays «d'appliquer des politiques de réduction stricte».